MICHEL BUTOR
LES ATELIERS DE PICASSO
Introduction, Espagne
1881 - 1901
La famille
Les premières arènes
Monologue d’Ariane-Lola :
Dans le palais de mon frère d’innombrables grilles s’ouvrent et se referment constamment, et sur ces grilles il y a des fenêtres qui donnent sur des chambres de ténèbres qui s’illuminent parfois lorsqu’un rayon du Soleil de midi parvient à se faufiler par les corridors à miroirs, ou du matin ou du soir par des tunnels ou des canaux, ou de la Lune même à minuit, par des fontaines, ou lorsqu’on allume une lampe.
Le surdoué
Monologue de Pablo-Minotaure-Thésée :
On dessine, on n’arrête pas de dessiner. On a l’oeil particulièrement vif.
Les premiers déguisements
39 instantanés de la vie d’Arlequin :
Arlequin barbouille.
On charme tout le monde avec ses dessins, puis sa peinture, de Malaga à la Corogne.
Et certains de ceux qui cherchent depuis des années leur voie parmi ces grilles, ces panneaux, ces vitres, ces volets, ces papiers et ces murs, quêtant la solution, l’issue, ne peuvent s’empêcher de s’y enfoncer pour s’y revêtir de leur splendeur et y boire une fameuse gorgée d’eau fraîche, d’alcool ou de poison.
D’où vient-on ? On fête ses dix ans. On a la main remarquablement rapide. On déménage vers Barcelone. C’est la gêne.
Alequin joue aux cubes.
On traverse Madrid. C’est l’attente. On ouvre une armoire. Voici de la peinture. On rêve de partir vers le Nord, Paris ou Londres.
Certaines de ces fenêtres sont bleues, d’autres vertes ou roses, certaines sont comme cristallisées, d’autres carrelées, vitraillées ou brodées ; certaines sont caresses, murmures, écumes, d’autres sont tenailles, étals, échafauds.
Il y a une bouteille sur la table. On est costaud, mais plutôt de petite taille. Voici du papier. On recherche souvent la solitude. On trempe sa brosse dans un godet. On parle peu.
Arlequin grandit.
On fait des portraits des parents, des tantes, des amis, d’une petite fille rencontrée aux cheveux ébourriffés et aux pieds nus, assise devant un grand mur uni, un châle sur les épaules. Voici du charbon. On grogne parfois ; mais on a ses tendresses. On fait quelques frasques.
Et il en est qui font pénétrer dans le mugissement des taureaux en fureur, d’autres dans le tonnerrre ou le raz-de-marée ; et il y a des armoires pleines de peinture, de papier, de charbon, de ficelle et de lampes.
LES ATELIERS DE PICASSO
1901-1902 - 130 ter bd de Clichy, Paris ►
1904-1909 - 13 Place Émile Goudeau, Montmartre, Paris ►
été 1909 - Horta de Hebro, Espagne ►
1909-1912 - 11, bd de Clichy, Paris ►
1913 -1916 - 5bis rue Schoelcher ►
1918 -1942 - 22 rue de la Boétie ►
1946 - Château Grimaldi, Antibes ►
1948-1962 - Vallauris, Cannes, Aix-en-Provence ►
1961-1973, Notre Dame de Vie, Mougins►
LES PHOTOGRAPHES QUI FIGURENT DANS CET OUVRAGE DE MICHEL BUTOR