JEAN-LOUP MARTIN
Douloureusement travaillée
Par quelque puissance inconnue,
Comme le bois par le temps,
Ma chair s’étire et se distend,
Et mes veines et mes muscles,
Indissolublement confondus à ma chair,
S’étirent et se distendent ;
Tout mon
corps,
Jaillissant du sommeil,
Surgit à la lumière ;
Par myriades, des points lumineux
Criblent ma peau et se perdent
Au plus profond de mon être ;
Des harmonies étranges
M’environnent,
À la fois : Chant très poignant,
Hurlement,
Grincement,
Respiration, –
Et en même temps :
Vibrations de lumière suffocante
Qui m’empêchent de voir ;
Mais elles commencent
à
s’évanouir :
De plus en plus inaudibles,
De plus en plus invisibles,
Encore un peu
présentes ;
Je commence à distinguer
L’endroit où je suis,
Mais je n’ose pas cueillir une fleur
De peur que sa sève ne
coule …