Les feux m’ont laissé béance au bord des gouffres.
Comment survivre à leur perte ?
Qu’ils viennent,
Ardeur des lumières,
Explosive,
Ou celle des oxydations,
Lente.
Je modèle le souffle de mon corps océan sur les souffles de l’eau
Jusqu’en ces points ultimes dont ne sait pas même rêver,
Et où les oiseaux s’affairent,
Où ils s’endorment dans leurs rêves d’ailes.
Mère du souvenir,
Terre est le lieu des attentes, des fatigues, des repos,
Des silences.
Les sillons dont tu la griffes t’ont appris toute la mesure de l’espace et du temps.
La part de moi la plus proche de ma mort est de terre.
Les morceaux de nuit se retirent dans leurs propres replis
(Ainsi le font les oiseaux dans leurs ailes
Qui s’abandonnent au sommeil).
L’aube vacille et chancelle, chassant les chiffons d’ombres.
Au dessus des eaux, dans les fluidités terreuses qui montent des roseaux immobilisés et des bois flottés,
L’air
Tremble
Encore
Incertain
De l’à peine ébauchée d’un fruit au premier plan
Ou de l’improbable présence d’un massif suspendu, dans le lointain, à la légèreté des gouttes de lumières.
Bientôt les horizons se chargeront de transparences bleues ;
L’air le plus proche s’échauffera progressivement,
Et dans l’or pauvre des pailles usées par le temps,
Vapeurs lentes des rêves de renaissance,
Se dilateront nos regards.