Qu’il vienne, le feu de toutes les métamorphoses,
Ardeur des explosions,
Lumineuse,
Celle des oxydations,
Lente ;
Qu’il creuse ma douleur,
Plus profond que ma chair ;
Qu’il mette à vif ma plus intime plaie.
Relèves-en le lieu au bout de tes fusains.
L’eau accompagne, fidèle, toutes les naissances et toutes les morts.
Recueille ses sanglots, ses grondements, ses chutes, ses émiettements,
Multitude où la lumière se brise et se disperse.
Le long des veines des arbres,
Du fond de la terre aux racines du ciel,
Je peuple ma voix des voix des peuples d’eaux.
Terre seule recueille tes moindres traces.
Elle est le socle de calcaire sur lequel j’ai construit ma dérisoire ardeur de souffle et d’eau.
Et nous disons que nous nous y tenons debout, prétentieuse certitude !
Les morceaux de nuit se retirent dans leurs propres replis
(Ainsi le font les oiseaux dans leurs ailes
Qui s’abandonnent au sommeil).
L’aube vacille et chancelle, chassant les chiffons d’ombres.
Au dessus des eaux, dans les fluidités terreuses qui montent des roseaux immobilisés et des bois flottés,
L’air
Tremble
Encore
Incertain
De l’à peine ébauchée d’un fruit au premier plan
Ou de l’improbable présence d’un massif suspendu, dans le lointain, à la légèreté des gouttes de lumières.
Bientôt les horizons se chargeront de transparences bleues ;
L’air le plus proche s’échauffera progressivement,
Et dans l’or pauvre des pailles usées par le temps,
Vapeurs lentes des rêves de renaissance,
Se dilateront nos regards.