MICHEL BUTOR
Pour tous ses amis et abonnés
Ce texte a été publié dans le catalogue de l’exposition de l’artiste Marie Morel (juillet-septembre 1994) au centre d’art contemporain de Forcalquier. Comme la plupart des autres textes de Michel Butor publiés sur ce site de Bribes, il figure au tome X de ses œuvres complètes aux éditions de la Différence.
78) Un peu d’oeil par ici, un peu d’oreille par là.
79) Dans les interstices les encres du deuil préparent les miroirs des écoles.
80) Où êtes-vous ? Nous ne vous distinguons plus. Vous ne nous donnez plus de nouvelles. Vous devriez vous souvenir. Nous avions tant fait pour vous. Mais surtout vous devriez sentir notre besoin, notre solitude, notre manque. Existez-vous encore dans votre distance ? N’avez-vous plus aucun moyen de communiquer ?
81) Et n’oubliez pas cette lucarne-ci où les charbons des voiles rencontrent le velours des encres.
82) Il faudrait détailler à la loupe : lilas et aurores, marais et sports, manteaux et fenêtres.
83) Ce sont nos espoirs : charbons bleus, encres vertes, miroirs jaunes, lumières oranges.
84) L’un à côté de l’autre comme les jours de la semaine : recoins noirs, harengs blancs, ponctuations d’or, faisans d’argent.
85) Images et textes se répondent en conversations toujours nouvelles, à droite, à gauche, en haut en bas. Vous pouvez entrer dans le bourdonnement de cette ruche par n’importe quel alvéole, ou si vous préférez, c’est un HLM avec ses fenêtres et au milieu de chacune un écran de télévision avec son programme.
86) Regard , dans l’obscurité remuant les voiles du deuil et les velours de la maison.
87) En miniature, le riz de l’été.
88) Beaucoup de patience comme pour les travaux d’aiguille ; vous verrez les ombres de la maison à côté des phrases de l’été.