MICHEL BUTOR
Pour tous ses amis et abonnés
Ce texte a été publié dans le catalogue de l’exposition de l’artiste Marie Morel (juillet-septembre 1994) au centre d’art contemporain de Forcalquier. Comme la plupart des autres textes de Michel Butor publiés sur ce site de Bribes, il figure au tome X de ses œuvres complètes aux éditions de la Différence.
56) C’est notre vie : mouvements clairs, cigognes noires, lichens blancs, vignes d’or.
57) Il faudrait détailler à la loupe : opéras rouges, concerts violets, théâtres bleus, danses vertes.
58) Un peu de soir par ici, un peu de source par là.
59) Dans les interstices les concerts des naissances poursuivent les théâtres du deuil.
60) Quelle surprise ! Si je m’attendais à vous revoir... Vous n’avez pas changé, vous avez l’air en pleine forme. Vous me reconnaissez, voyons, vous savez bien, nous nous étions retrouvés l’an passé lors de ce vernissage, de cet anniversaire, de ce mariage, de cet enterrement, de cette commémoration...
61) Une fois la composition fixée, il faut arroser, ratisser, repasser, rajouter ici et là, une touche, une griffe, un adjectif, une perle, un morceau de ficelle ou de parapluie tandis que les enfants dorment enfin et que la pluie nocturne bat les vitres.
62) Regard toujours à l’affût des dernières trouvailles sur les vagues des naissances et les montagnes de l’amour.
63) En miniature, les dentelles de l’hiver.
64) Patience, beaucoup de patience ; vous verrez les lumières de l’amour à côté des fourneaux des oeuvres.
65) Et n’oubliez pas cette lucarne-ci où l’opéra des vagues absorbe les montagnes du concert.
66) L’un à côté de l’autre comme des clefs dans un trousseau : cigognes et lichens, vignes et nuits, forêts et expositions.