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MICHAËL GLÜCK

Premières pages, 1964

© Michaël Glück
Publication en ligne : 19 septembre 2020

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Clefs : 1964 , 2020 , Glück , poésie

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par six fois la Grande Ourse

les chevaux calmes à ma tempe

ont accordé leurs sabots

les troubadours dans une église

tiraient la lune sous les cartes

et les arlequins catalans

caressaient le dos des guitares

les figues brunissaient

la chevelure des filles

le ciel a dégrafé

leur corsage de jonc

petits couteaux sous les aisselles

***

ombre d’un enfant

gravée sur le mur

plus violente que la cendre

les doigts se sont fermés sur un vol d’hirondelles

les lépreux du Japon agitent leurs crécelles

brûlés sont les jardins sur la route de Sienne

brûlée la cathédrale

les rues d’Hiroshima

sourire d’un instant-libellule

soleil d’Hokusai et volcans

soierie pâle et vivace aux chevilles légères

la porteuse de d’eau va Hondo Fuji-Yama

porter les arbres nains au canton des lingères

et les filles nageant entre les madrépores

sont restés sous les eaux un filet sur les yeux

crématoire en plein air

Varsovie japonaise aux maisons de papier

***

futur amnésique

le soleil tiré par quatre fourmis

quitte les jacinthes de la chair

***

ruban distrait de la mémoire

au jardin

les jets d’eau sont venus s’asseoir

sur la crinière de chevaux

jamais je n’aurais tant joué

à chat perché dans les nuages

entre les fleurs et les chiens morts

***

vieille crécelle

la parole

un visage indécis

***

la mort est si facile

linceul dents vertèbres

solfèges

mes doigts dans tes cheveux

cherchent des oiseaux morts

***

clavier des dentelles

des grillons paresseux s’étonnent de mourir

au creux de nos épaules

la lune me tranche la gorge

les citrons ne sont

qu’un souvenir d’hypnose

***

dans les allées de soie brune la nuit

la trahison a l’odeur de ton corps

la caresse des pins les parfums de résine

s’enroulent aux sabots de la rivière

***

la paix des encensoirs s’endort sous les prières

au miroir

 silencieux

le temps oublie l’iris

au cadran du voyage

qui berce les couchants

le vent courbe un visage

***

soleil roux rossignol couchant

pris dans le prisme de ma voix

sable de l’une sous mon pas

Lorca ressuscité plain chant

Le fusil fleurit sur la branche

le crime est noir sur l’olivier

les fruits sont morts d’un goût d’acier

au pays d’Isabelle Blanche

romancero couleur de sang

rose blessée sur un sourire

Federico

Julian est mort

les caniveaux sont pleins d’oiseaux

***

on entendra la mer

les chevaux et la peur

ton corps de cuivre

ta crinière est en feu

et la fontaine est morte

grand sommeil

et je retournerai

vers les feuillets de l’ancolie

***

Tout s’insurge et dit

la désespérance

l’étoile et les pianos inquiets

la solitude des oliviers

***

le ciel après l’été

perd la mémoire

le regard fugitif

déchire les mots

il faudra partir

sans dire

 que l’on aima

***

l’enfant

ferme un rosier

et laisse mourir

l’oiseau blessé

***

elle avait les yeux noirs

et chaque soir penchait

la lune de cytise

vers le jour mort

sur la roue

***

je fus

marionnette de mes théâtres

puis je pris peur

des rideaux de ma chambre

***

un réverbère tremblait

dans la brume

sous un pont

 un désespéré

buvait le fleuve

le matin cahotait

sur les pavés mouillés

***

un bec de gaz brûle

au coin d’une rue infâme

pour un peintre ivre mort

un joueur d’orgue de barbarie

s’éteint avec sa complainte

***

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