MICHAËL GLÜCK
décembre 1963
Je dirai notre histoire
aux fenêtres des ambassades
les rossignols pouvaient mourir sous les pommiers
l’oiseau dans un mouchoir
brodait de futiles dialogues
entre sapins morts
et jets d’eau
d’étranges caresses
te crucifigeaient
sous les oliviers en ruine
la neige ensevelissait
ses morts dans la boue des villes
les muscats étaient gelés
certains matins les oiseaux venaient mourir
dans l’étreinte des glaciers
je mordais les fuchsias
au creux de ton épaule
à Varsovie certains tramways
carillonnaient dans les ruisseaux
avec des herbes coupantes
les grillons et les cerfs-volants
déchiraient le sommeil
le vent se blessait
aux doigts de l’oiseleur
***
l’enclume sous la plume
avait des éclats de ferraille
on oubliait
les verroteries froides
de vos dentelles froufroutantes
le ciel transbahutait
des icebergs de futur bleu
des souvenirs de lierre
grimpaient contre ma tempe
***
racine de fougère
vivace Eurydice
les sources de soie claire
cheminent
poursuivent la mémoire
je te dirai notre histoire
à toi Hermès
à toi Frère des pinceaux fragiles
je me suis assis sur un banc de lierre
je ô comédie parodie des poèmes
petits drames factices
petits romans vieillots
Rimbaud Lautréamont Laforgue
qui prend ma plume
impitoyables métaphores du sommeil
mon frère la neige est rouge
sous les doigts de l’innocence
je t’cricri d’herbe coupante je