Le feu s’est retiré.
Il a détruit toutes mes enveloppes,
Mes pauvres armures.
Il ne m’a laissé
Que le goût des cendres et des charbons
L’éclat terne des laves et des rouilles
Pour survivre à sa perte.
L’eau porte en elle toute la largeur du ciel.
Les oiseaux s’y affairent,
Ils s’y endorment dans leurs rêves d’ailes.
Le long des veines des arbres,
Du fond de la terre aux frontières du ciel,
Je peuple ma voix des voix des peuples d’eaux.
Mère du souvenir,
Terre est le lieu des attentes, des fatigues, des repos,
Des silences.
Les sillons dont tu la griffes t’ont appris toute la mesure de l’espace et du temps.
C’est le socle de calcaire sur lequel j’ai construit cette dérisoire ardeur de souffle et d’eau.
Les morceaux de nuit se retirent dans leurs propres replis
(Ainsi le font les oiseaux dans leurs ailes
Qui s’abandonnent au sommeil).
L’aube vacille et chancelle, chassant les chiffons d’ombres.
Au dessus des eaux, dans les fluidités terreuses qui montent des roseaux immobilisés et des bois flottés,
L’air
Tremble
Encore
Incertain
De l’à peine ébauchée d’un fruit au premier plan
Ou de l’improbable présence d’un massif suspendu, dans le lointain, à la légèreté des gouttes de lumières.
Bientôt les horizons se chargeront de transparences bleues ;
L’air le plus proche s’échauffera progressivement,
Et dans l’or pauvre des pailles usées par le temps,
Vapeurs lentes des rêves de renaissance,
Se dilateront nos regards.