MICHEL BUTOR
Pour tous ses amis et abonnés
Ce texte a été publié dans le catalogue de l’exposition de l’artiste Marie Morel (juillet-septembre 1994) au centre d’art contemporain de Forcalquier. Comme la plupart des autres textes de Michel Butor publiés sur ce site de Bribes, il figure au tome X de ses œuvres complètes aux éditions de la Différence.
89) A votre gré le vin des maisons absorbe le riz des oeuvres.
90) Allo ! Allo ! Je vous entends très mal. Il y a un écho sur le satellite. Il y a une conversation parasite. Nous devons gêner ces gens autant qu’ils nous gênent. Le mieux ce serait encore de s’écrire. Je n’y manquerai pas. N’y manquez pas ! Je raccroche. A très bientôt !
91) Approfondissez votre regard de mieux en mieux ; vous verrez les corbeaux de l’école à côté des faisans de l’automne.
92) Et n’oubliez pas cette lucarne-ci où les pains du charbon accompagnent les encres du vin.
93) Il faudrait détailler à la loupe : fruits et ponctuations, canards et fougères, magnolias et crépuscule.
94) C’est notre constance : pains verts, vins jaunes, riz oranges, huiles rouges.
95) L’un à côté de l’autre comme les tombes dans un cimetière : hellébores grises, cèdres sombres, averses claires, déserts noirs.
96) Un peu de parfum par ici, un peu de chevelure par là.
97) Pendant la journée continue l’ensemencement, la germination, la surveillance maternelle des pousses qui peuvent explorer de tout autres couleurs , selon les saisons, selon la constellation d’âges dont se constitue la famille, les amis qui passent, les lettres reçues.
98) Regard , le rendez-vous des inconnus ou méconnus fouillant dans les charbons de la maison et les encres de l’école.
99) En miniature, les conjonctions du printemps.