MICHEL BUTOR
Pour tous ses amis et abonnés
Ce texte a été publié dans le catalogue de l’exposition de l’artiste Marie Morel (juillet-septembre 1994) au centre d’art contemporain de Forcalquier. Comme la plupart des autres textes de Michel Butor publiés sur ce site de Bribes, il figure au tome X de ses œuvres complètes aux éditions de la Différence.
67) Ce sont nos rêves : voiles violets, velours bleus, dentelles vertes, perles jaunes.
68) A votre gré les sucs de l’été accompagnent les harengs du deuil.
69) Un peu de craie par ici, un peu de suie par là.
70) Au revoir ! Ne nous laissez plus si longtemps sans nouvelles ! Nous vous attendons. Ecrivez-nous au moins ! Un simple coup de téléphone, c’est si facile. Nous comptons sur vous. Nous avons besoin de vous. Nous ne pouvons plus vivre sans vous.
71) Il faudrait détailler à la loupe : chaussures et recoins, harengs et silences, perdrix et roseaux.
72) L’un à côté de l’autre comme les pièces d’un jeu d’échecs : nuits d’argent, forêts grises, expositions sombres, chaussures claires.
73) Cela devient comme une énorme bande dessinée avec ses casiers. Parfois l’ordre de lecture habituel dans notre occident est bien suivi : de gauche à droite et de haut en bas, comme les lignes d’une page. On suit par exemple les jours ou les heures d’une aventure, mais le plus souvent le regard est sollicité en divers trajets comme dans un jardin.
74) Regard , courrier de tous ceux qui sont réunis par les opéras de l’amour et les concerts du deuil.
75) En miniature, les miroirs de l’automne.
76) Regardez dans votre regard ; vous verrez les huiles du deuil à côté des sucs du printemps.
77) Et n’oubliez pas cette lucarne-ci où les voiles de l’opéra croisent le concert des velours.