MICHEL BUTOR
Pour tous ses amis et abonnés
Ce texte a été publié dans le catalogue de l’exposition de l’artiste Marie Morel (juillet-septembre 1994) au centre d’art contemporain de Forcalquier. Comme la plupart des autres textes de Michel Butor publiés sur ce site de Bribes, il figure au tome X de ses œuvres complètes aux éditions de la Différence.
23) Il faudrait détailler à la loupe : érables verts, sapins jaunes.
24) C’est le temps qui passe : tables blanches, sels d’or, horloge d’argent .
25) Lorsqu’on dispose de plages un peu plus longues, on installe chaque noyau dans son plateau comme un oignon de jacinthe dans sa carafe ou le plant d’orchidée dans son pot, et on l’entoure de toutes sortes d’ornements ou engrais : perles, dentelles, ficelles, étoffes.
26) Regard dont le format est très légèrement plus grand que celui des plateaux:10 cm 1/2 sur 15 verticalement, pour nous donner des nouvelles sur les glaïeuls de l’été et les roses de l’automne.
27) En miniature, les orages du deuil.
28) Regardez encore mieux ; vous verrez les villes de l’automne à côté des déserts du deuil.
29) Et n’oubliez pas cette lucarne-ci où les déserts de l’amour poursuivent les forêts du printemps.
30) A votre gré les sapins de l’été traduisent les ormes de l’hiver.
31) Et votre cher mari ? Et votre chère femme ? Et vos chers enfants ? Et vos chers parents ? Et votre chien ? Et votre chat ? Et votre souris ? Et votre puce savante ?
32) Un peu d’ardoise par ici, un peu de tuile par là.
33) L’un à côté de l’autre comme les bocaux dans une pharmacie : pommiers et sifflements, villes et danses, perles et lumières.