RAPHAËL MONTICELLI
Les éditions de la Diane française, sises à Nice, viennent de publier (octobre 2021) un ouvrage consacré à Jean Jacques Laurent : deux textes, Alain Freixe et Raphaël Monticelli, enrichi de 8 estampes de l’artiste.
Ci-dessous, mon texte, avec l’aimable autorisation de l’éditeur.
C’est ce mélange de savoir, de subtilité, de brutalité, d’inquiétude, de mises en doute, que l’on retrouve dans toutes les séries de l’artiste, comme on y retrouve ses dialogues et disputes avec les artistes, les esthétiques, les écrivains et les musiciens, comme on y retrouve les échos de sa vie quotidienne, les ombres familiales, proches ou lointaines, et cette querelle, la plus profonde, celle que l’on a avec soi même, avec ses propres idées, ses projets, ses rêves, ses douleurs, son corps. Les titres mêmes des séries sont significatifs de ces querelles : Dedans-Dehors, Un bruit étrange, tela sabbia, ironie d’un sort, autant de formules où l’on entend l’écho des oppositions sur lesquelles travaille Jean-Jacques Laurent et qui le travaillent. Michel Butor avait proposé un titre, révélateur, pour qualifier l’une des séries de l’artiste et, au fond, la totalité de son rapport à l’art : Les muses tordues .
On dit des Muses qu’elles sont
sœurs et filles de Mémoire
tu te débats avec le temps
que le temps piège dans tes mailles
tu tends les bras hors de ta cage
bégaies des rites de salut
accroches de l’air par lambeaux
cherches l’eau fraîche dans tes larmes
où sont allés les souvenirs
qui se souvient ?
qui se souvient ?