RAPHAËL MONTICELLI
dialogues poétiques avec Jean-Jacques Laurent
Prélude
Jean Jacques Laurent entretient avec la musique et la littérature une relation profonde que l’on pourrait dire organique ou vitale. Elles construisent, structurent, son quotidien, et nourrissent sa pratique des arts plastiques. Céramiste ou graveur, le tour et la presse sont des instruments, la terre, la plaque, l’émail, l’encre, des matières sonores dont il organise les variations à la manière d’un musicien. Peintre, il inscrit ses tableaux dans des séries et fait de chacun d’eux une partition dont on peut lire le rythme ; il y place objets et personnages à la manière d’un chorégraphe. Amateur de jazz, sensible au labeur inspiré de Bach, il peint en musique, et la musique donne souvent à ses ensembles le motif de leurs titres... Ainsi la série des Variations pourpres porte la trace de son écoute des interprétations de Glenn Gould et conserve jusque dans son titre le souvenir des Variations Goldberg.
Ce peintre, immergé dans la musique, traversé de bruits étranges, est un lecteur passionné. Il trouve dans la littérature et la poésie matière et raisons de peindre. Aucun souci d’illustration, pourtant, chez Jean Jacques Laurent : peindre est une autre façon de lire, une manière d’inscrire sur la toile, le papier ou la plaque, l’impact des textes dans sa chair, son intelligence, sa vie : sa sensibilité.
Les relations de travail de Jean Jacques Laurent avec des écrivains et des poètes commencent dans les années 90. Elles ont produit plus d’une trentaine d’œuvres et séries qui font l’objet de cette exposition. Il nous faut les approcher en ayant en mémoire cette ancienne et profonde attention de l’artiste pour les mots, la langue, et les œuvres de langue.