MICHAËL GLÜCK
Voici donc quelques premières feuilles pour cet espace. Celles-ci sont ce qui reste de quelques centaines de pages que j’ai rassemblées, il y a un certain temps. J’ai beaucoup détruit dans cet amas, pas nécessairement conservé le mieux, mais ce qui a pu donner élan à ce que je ne savais pas alors, hors une vanité adolescente, pouvoir me porter si durablement dans ce flux, ce flot, de l’écriture. J’ai gardé peu des originaux, j’ai estimé que le passage du temps méritait érosion, travail de la gomme que je n’ai su opérer dans les commencements. Seuls six vers, lesquels ont été publiés dans la revue « L’information poétique n° 2 (1962), ont résisté à la gouge ou au burin, non d’une correction mais d’un effritement, comme une falaise rongée qui deviendrait galet ou grain de sable. Je sais bien combien il y a de mauvaises choses dans ce fatras, combien il y a de pâles copies d’auteurs que je découvrais. Je sais aussi combien les plus mauvaises pages ont été nécessaires pour commencer à cheminer.
Bien sûr, je pourrais décider de tout brûler, détruire, de ne rien rendre public. Je pourrais, j’aurais pu. C’est peut-être l’approche d’un rien autrement plus sévère qui me dissuade de le faire. Je ne renie pas mes aubes navrantes. J’aimerais même mettre à profit cet espace pour, allant vers la fin, interroger les débuts, c’est à dire tenter aussi de me poser des questions de poétique en traversant, aussi, mes propres errements.
Voilà donc, pour ouvrir le bal.