je mange des pastèques
et je cache les livres
dans les bibliothèques
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La mineur, un dernier do
La pantomime est finie
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le silence est fait
d’une eau verte
il pleut et le vent
jette
une vitre froide
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comme on joint au clocher la tête de désœuvrée
la prairie ronge l’aube aux aisselles de chien
le règne des juments refuge de la marée…
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le printemps courut le chemin des roses
l’hiver nous verra ivres
au château
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démon de la nuit
démon de l’ennui
au rêve pendue
la vie brève
soleil oriental
ces têtes coupées
filles sans visage
des alcools sans joie
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un air d’accordéon
des couloirs des affiches
des passants des mendiants
et des femmes fardées
qui prennent le métro
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ah je meurs
dans une heure
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quand ta paupière pâle
a cessé de trembler…
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matelot
pris d’absinthe
l’océan roule
sa vieille plainte
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rétrospective
j’ai vécu
perspective
Je vais vivre
je jongle
dans cet enfer polychromé
dont les couleurs sont retranchées
aux ivresses qui délivrent
porte Océane
mer tourmentée
corbeau qui plane
cervelle brûlée
j’ai vu
pensée de cartes postales
j’ai vu
Un calice dialysépale
dont les parfums doucement
rongeaient le cœur des amants
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dans les jardins
les clairs de lune
sont de coutume
je suis pendu au rêve
qui se lève
à l’horizon
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une âme et six cordes
pour un cœur qu’on accorde
un cœur de gitan
dix doigts et un feu
une étoile et deux yeux
pour un cœur d’enfant
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dans les effrois des jours d’éclipse
dans les cervelles perdues
le cœur planté de barbelés
la tête creusée par la mort
***
une fleur
pour ton cœur
un parfum
pour rien
des rimes
des rimes
***