Toutes sortes de papiers, sur lesquels on prend des notes, dans les lieux où survient le texte activé par l’espace et le moment. Le papier témoigne de ces phrases à peine écrites, quelques notes pour retenir la vision réalisée en quelques mots.
Les crayons, stylos, bille ou plume, sont de fortune aussi. On avait de quoi écrire dans une poche ou un sac, pour attendre ces morceaux du texte à venir.
Un chemin encore aveugle, qui ne demande pas de lumière, en secret, en retrait, toujours au guet du possible.
Si le stylo est volonté et force, c’est le papier qui témoigne du presque perdu de toute inspiration, son refus d’une volonté, sa surprise.
Le papier est encore ce qu’il y a de plus fragile, juste après la peau.
Ne pas emporter de carnet c’est ne pas vouloir tout noter, c’est travailler avec l’oubli incessant qui discrimine et trie ce qui doit franchir la première étape des sensations, ce qui survit à ce moment qui n’est jamais sauvegardé. Ce moment où surviennent les choses et que je laisse à son désordre, c’est le moment qui précède la littérature, et le vrai moment de la poésie.
Ensuite la forme de l’écriture transmet un peu de la forme de cet instant.