Folie de Josué
Tout est dit, tout nous est dit, bas les masques ! Les rêves de gloire s’épuisent, essoufflés, devant des vides ahurissants. Les pages blanches demeurent sur des tas de feuillets souillés. Suprême radoteur, bègue ou répétiteur, tu dois accumuler les mots, les choses, les couleurs, les idées, pour parvenir à l’oubli de ta propre impuissance. Au moment où tu crois que ta pensée s’élance vers des champs inconnus, tu reconnais ton propre regard dans les choses nouvelles.
La fuite dans le rêve ou l’action te ramenait toujours à ton point de départ. A la dernière page du livre, lors de la dernière note de la symphonie, la dernière trace te renvoie dans le tourbillon des choses dites, écrites, écoutées, entendues ; seul t’importe le vertige -ou vestige- perçu dans l’affolement des mots, des idées, des sons, des couleurs... Le vestige des choses quand tout écho s’est tu.
Et tu reproduis ta mort dans chacun de tes gestes.
AOI