Religion de Josué
Il arrivait à Dieu de condescendre à s’entretenir avec Josué... S’entretenir est d’ailleurs beaucoup dire. Dieu prenait Josué sous sa tutelle, lui prodiguait sa bienveillance, son attention paternelle et raisonnée. Ses conseils avaient toujours l’importance de révélations. Ils permettaient parfois à Josué de s’y retrouver un peu.
Si tu cours, me disait parfois Dieu, tu ne sauras jamais t’arrêter... Je savais bien que le déroulement de ma foulée, l’excitante poursuite de mes pieds, le souple et généreux contact que je connaissais quand la plante retrouvait le sol, l’exaltation de l’air dans ma poitrine, de mon coeur au fond de ma gorge et aux bords de ma tête, la douce et constante étreinte de l’air sur mon corps, le ruissellement continu de la sueur, aussitôt muée en bouffée de fraîcheur, me transportaient au point que j’étais incapable de limiter mes efforts, et les bonds allongés étaient trop proches de l’envol pour que je puisse cesser d’essayer et d’essayer encore après chacun... Je savais bien que le conseil était bon et que dieu disait juste, mais je savais aussi que je plaisir trouvé exploserait bientôt en douleur, me poussant, m’écrasant, pantelant. Je savais que je ne pourrais plus continuer... Dieu seul pouvait donner un tel conseil, qui, s’il n’avait pas seulement su le plaisir de la course, s’il n’y avait goûté qu’une seule fois, n’aurait jamais pu s’écrouler...
AOI
Troisième citation
Mamie est bien malade. Le docteur viendra ce soir, en attendant je t’en confie la garde.
AOI