1-
C’est dans L’ombilic des limbes d’Antonin Artaud, dans ce “livre qui dérange les hommes, qui (est) comme une porte ouverte et qui les mène où ils n’auraient consenti à aller, une porte simplement abouchée à la réalité".
Si ce n’était un livre...ce serait un poème...Et si ce n’était un poème, ce serait une image...soit rien, quelques mots juste pour citer, non à même le sable de l’arène, dans le calme des pieds joints et des fesses serrées, l’effilé d’une corne improbable comme l’abri d’un danger où le coeur taperait soudain plus fort dans sa cage, exposant les yeux à ce qui passe les mots. Ce serait debout ouvert comme une lame ébréchée ce chemin de la vérité quand elle vous jette dans l’émeute de ce qui vous perd. Une robe déchirée qui bat contre la nuit. Deux yeux retournés blanc dans le bleu qui se perd. Une bouche et sa dette de sang qui perle contre les dents.
2-
Demain, nous redescendrons de la déchaussière. Les hirondelles sont toujours là. J’aime leurs traits. Les saccades de leur vol. Ces piqués sur la bande jaune du champ de derrière . Cette écriture de rase-mottes. Ce festin joyeux – source, élan et flux mêlés – d’eau qui saute dans la lumière comme sur les pierres d’un torrent. Et ici, nul mot. À peine quelques pointes sur le silence. Torsades noires, disparitions blanches. Hirondelles, toujours à l’heure. Au moment de partir.
3-
Trois jours sous grande neige. Chute continue. Silence enveloppant. Blanc partout jusqu’en dedans. Me fait peur ce laps, cette absence de poussée, quand plus rien ne force mes portes, que mes mots font volée de bois sec au dehors.
Quand tout dort, le monde pourrait s’évanouir comme une de ces mauvaises solutions qui à perdre de vue le problème s’est perdue elle-même. Comme un oubli sur la vie .
Peur. Et fascination. Pour un grand rien final. Un vide. Et dans les flocons qui tombent un calme. Comme une éclaircie.