PATRICK QUILLIER
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Fais-toi dauphin,
renard,
poney.
Fais-toi,
Fidèle entre tous,
à la fin des fins,
Le Don,
l’Amour,
le simple amour.
Les arbres rencontrés dans la campagne
Te révèlent l’âme de ton pays.
Les chants d’oiseau, dans leurs langues de feu
Et d’eau, disent ceci : « Une culture
Ne vaut que ce que valent ses forêts. »
Tu peux aussi te demander longtemps
Quel serait ton lac de prédilection :
Artificiel, de déflation, karstique,
Morainique, glaciaire, sous-glaciaire,
Pro-glaciaire, volcanique (lac de
Cratère, lac polycratère, lac
Intercratère), lac alluvionnaire,
Lac tectonique, lac océanique...
Sauf à te contenter de quelque étang
Amniotique ou encore d’un bras mort
Ou même d’un puisard ou d’une flache.
En fait on t’entend dire les louanges
Des eaux claires qui suivent leurs courants,
Ces eaux que l’on aime écouter et voir,
Qu’elles soient élan, qu’elles soient paresse,
Toujours, dans leur être pur, perfection
De mouvement et de musique.
Aussi
Te plais-tu à évoquer pris d’émotion
Tous les ruisseaux sans nom dans leurs murmures.
Peut-être qu’un tel sacrement par l’eau
Fait naître en toi quelque contentement
Inexplicable de courir avec
La race humaine en souhaitant bien fort
Que les hommes jusqu’au dernier se baignent
Soudain revêtus de formes splendides
Dans tous les lieux qu’ils ont proclamés saints,
Stonehenge, Cathédrale de Chartres,
Acropole, Blenheim, Pachacamac,
Angkor, Guachimontones, Shôgo-in...,
Et d’autres œuvres du même
Vieil Homme,
Qu’il y ait un merle ou pas pour commenter
Le rite, de son radotage étrange.
Et dis-toi bien que si certaines bêtes
Sont muettes, d’autres sont volubiles.
Une seule espèce peut bégayer.
Même si tu essaies d’imaginer
Un haut amour dans la vie à venir
Et que tu n’entends que le pur murmure
De ruisseaux souterrains, que tu ne vois
Qu’un paysage de calcaire, espère
Toujours, sourcier, fou, en la résurgence.
Car le fleuve profond continue de couler.