MICHAËL GLÜCK
vers la deuxième série : À Cadenet ►
vers la troisième série : de Saint Priest à Montpellier ►
cordes tendues le long des murs
à hauteur de femme
montée de Saint Esprit
d’une fenêtre ouverte
premier étage
tombe le bruit d’un tambour
de machine à laver
rythmes des rues
cris d’enfants
dans l’air flottent
les repas de midi
plus bas
vers le Vieux Port
les mouettes
l’impatience des mouettes
Marseille, le 13/11/02
++++
rues des villes
vigipiraptées
accoutumance
terreur douce
chacun marche
hors les chemins de la pensée
nous sommes
la sépulture
du criminel en nous
nous sommes
soumis
les uniformes sourient
Marseille, le 14/11/02
+++++
café le Suffren
10 h du matin gris
musique brésilienne
par la baie vitrée
forêt des mâts
au premier plan la police
municipale
verbalise
les mouettes au-dessus des étals de poissons
matraque hanche droite
talkie-walkie hanche gauche
café un euro
quatre-vingt centimes
surfez sans compter sur le cable
tramways
vieux chien vieille dame
à pas lents avancent
dans la lumière des warnings
Marseille, le 15/11/02
++++
taxi de la gare de Grenoble à l’hôtel
Belalpes de Seyssinet face à
la caserne des pompiers
j’entre par l’année de la mort de Staline
ma chambre est un nombre premier
le chauffeur m’a parlé de Saône et Loire
des tracteurs qui flottaient dans les champs
dans le train j’ai lu
Rapport de l’arpenteur
suivi de Thabor
ce soir Assia m’a offert
L’aube Isamaël
Seyssinet, le 17/11/02
++++
de l’hôtel au centre commercial
du centre commercial à l’hôtel
de l’hôtel au rendez-vous de travail
du rendez-vous de travail à l’hôtel
de l’hôtel au restaurant
du restaurant à l’hôtel
de la table de travail aux toilettes
des toilettes à la salle de bain
de la salle de bain au lit
du lit au livre
du livre à la lampe de chevet
de la lampe de chevet à la nuit
et les yeux ouverts dans la nuit
Seyssinet, le 21/11/02
++++
j’ai lu
le livre et l’écriture en chantier sur la ville
avec deux écrivains et une compagnie de théâtre
les enseignes du centre commercial
les panneaux routiers
les pictogrammes piéton piste cyclable
libération
l’agenda 2003
résidence d’automne d’Olivier Apert
le billet de train retour Grenoble-Montpellier
les consignes en cas d’incendie
un poème d’Abdelwahab al Bayati
relu ce que j’avais écrit
j’ai écouté la conversation de mes voisins au restaurant
ils ne parlaient que d’argent et de
relations de travail
de l’inhumanité
des relations de travail
de la destruction
dans le travail
dans l’après-midi était venu
le nom de Primo Levi
même lieu, même jour, nuit
++++
voices j’entends en moi la voix
de Cathy Berberian
voices faces
voix et visages
dysharmonies voix et visages souvent
où la fêlure
où
quoi se brise dans l’être
énigmes
quelles voix
quels visages
me bouleversent
et les corps
Seyssinet, le 22/11/02
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enfants endimanchés sur le seuil
la mère parle avec le vieil homme
tête ridée couverte d’un fès
broderies d’une langue
énigmatique
la femme est vêtue à l’occidentale
élégance modeste
sans tapage
robe sombre à motifs floraux
veste chaude
fourrure synthétique
sans vulgarité
elle parle
ses mains accompagnent sa phrase
rythmes lents
danse avec flux et reflux
au milieu de la langue arabe qui chante
cela que j’entends
ce mot
jarretelle
de quoi parle-t-elle au vieil homme
Montpellier le 24/11/02
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sous la pluie l’homme attend
la fin de la pluie
la lumière d’un mot
le pas dans la flaque
brouille le reflet
l’adieu des gares
le demie de cinq heures
tombe
sur l’asphalte
taxi pour cinq euro
jusqu’au théâtre
l’écho d’un rire
une abeille dans l’oreille
malgré la pluie
Aix-en-Provence, le 25/11/02