RAPHAEL MONTICELLI
DIX
L’espace ouvert au fond des puits
Le frémissement des pales
L’horizon sans cesse en chute
Ses lunes vibrantes au sol
Ce qui fuit et qui renaît
Sous les cercles enchevêtrés
Entre plis et replis, entre espace et confinement, entre ennui et défilé, ce que Anne Valérie Gasc vous a chaque fois renvoyé, comme subrepticement, comme un effet induit supplémentaire, c’est ce travail de l’image de la femme. En Hongrie, elle fait revêtir aux employées de la Budapest Galeria9 d’amples robes qui s’ouvrent sur le devant pour laisser apparaître et développer de grands plis colorés, tout comme elle l’avait fait deux ans auparavant à Paris, en 2002, avec les retraitées de Caulaincourt. Toutes ces femmes prennent la pose pour sortir élégamment de l’ennui, tout comme vous avez vu Anne Valérie elle-même s’enfouir dans les replis laineux d’un oreiller, ou en sortir, en émerger ou s’y enfoncer, s’y installer, s’y réfugier… Plis et replis, involutions secrètes. « Nice boy » avez vous entendu dire par l’un des voyageurs de l’ascenceur du Schlossber, parlant de la baudruche. Elle est bien la femme au ballon, démesuré, celle qui donne aux désoeuvrées, des images de beaux sexes rutilants, ouvert de la poitrine aux pieds
Madame suit l’aventure des friches résonne en elle la rumeur des épaves, la vibration des dunes, , l’épouvante des masques, le chant des coqs, la paix retrouvée des criques
(je crie chante l’espace file
reste en tes doigts tremble et troue l’espace
appel entendu tendu la terre tremble
de ta lance double danse tes dents
reste en tes doigts tremble et troue l’espace
rouges rougies tu le déchires ce qui m’étouffe et me tord
creuses chair sang et os la peau éclate
je crie chante l’espace file
crie brunis tes dents plantées tes dents
doutes-tu dressée tendue j’inspire et [ ]
tu domptes de tes dents la mort les chairs [ ]
souffle [ ]tend encore tremblantes secouées
le sang s’y pousse cris vibre perte tombe mes doigts tremblent )
9 « L’enrôlement »