Restes
Tu ne renonceras pas. Toi l’instant enveloppé – toi la figure aux mille replis plantée là. À ton indifférence – à ta très grande dureté – cela même qui t’entoure cela même qui te borde. Je ne connais de nom. À ta chair très froide à ta peau ignorante indécente dressée là – comme au milieu des champs. Comme au milieu de moi-même. Comme moi-même. Je ne connais d’autre lieu.
Au-dedans de mes brisures tu te dresses. Tu ne dis jamais un mot. Tu ne me regardes pas. En moi tu te tiens comme au-delà de mes restes au-delà de ma chair disséminée par tes plis. Tu ne dis rien. La puissance qui se tient droite est-elle seulement capable de parole. Toi la peau étirée du sol jusqu’en haut. Es-tu au moins capable de baisser les yeux. Baisser les yeux jusqu’en mon centre où tu te tiens – ta chair au-dedans de moi comme en un sol quelconque. De terre ou de pavé.
Ta très grande fixité en ma peau toujours là – autour de toi rassemblée. Discrète c’est moi qui t’enveloppe. Discrète – je suis l’instant qui fixe tes replis. Ta chair en moi comme en un vide – à l’autre bout duquel le renoncement.
Ton nom – je ne m’en souviens plus. Il y a bien les fissures au-dedans de ma chair qui prouvent ton ancienne présence – il y a bien ces cris en moi-même. Étaient-ce tes cris. Ou le simple passage de tes mains en mes mains. Ou tes yeux abaissés vers le moins de valeur. Ou mon propre murmure au creux de mes oreilles.