RESTES
Nous sommes au-dehors – comme tu l’as toujours voulu. Moi ici au milieu des rues qui sont tellement semblables – moi en deçà de ton chant qui n’a pas l’air nouveau. Toi – tu es ici aussi bien que là – tu as cette forme si particulière qui te porte au-delà des villes. Tu ne vois pas même les villes.
Je n’ai jamais pensé qu’il n’y avait pas eu d’automne. N’est-ce pas cela même qui te porte au-delà des rues – au-delà de ton premier lieu. Ce lieu que tu retrouveras après quelques voyages – après avoir promené ton chant très connu par-delà quelques destinations où on le connaît moins où il pourra sembler nouveau.
Je le sais – au milieu des villes tu cherches des feuillages – comme un reste de tes aventures passées – rien qu’une habitude très normale. Tu cherches quelque part un lieu de repos – un lieu où tomber en toi-même – peut-être définitivement – avant de repartir avant de projeter ton corps dans cet en-avant toujours tien au-delà de toute ville.
Tu n’avances que par ruptures – que par adieux jetés çà et là. Ce n’est que par à-coups que tu construis ton lieu – au-dehors de toi-même aussi bien qu’au-dedans. Cela même qui te protège des autres et de leurs innombrables voix – qui sont toujours les mêmes.
Au-dedans de ta rupture – tu as seule le don de l’oubli – ce don du pur rassemblement. Et tu rassembles toutes tes chairs par-dessus toi – pour traverser les villes. Il y aura bien quelques bribes abandonnées pour ceux qui se souviendront – car ceux-ci tu sais ont soif de tes multiples traces – soif de tes reliquats si vite oubliés.