BÉATRICE MACHET
Macau : the grey epic
Pour le dernier jour de l’année 2011, je vous proposais ce courriel de Béatrice Machet dans le carnet intermittent... Voici maintenant ce même texte, à sa place, dans l’espace de Béatrice...
Déposée par un bus sur le quai sur ciel
je cherche l’embarcadère 42
achromatique....
Ainsi qu’il est dit
les couleurs complémentaires en se mélangeant
produisent du gris
un instant je me demande si
c’est en les soustrayant ou en les additionnant
on the skypier looking for berth 42
achromatic
as it is said complementary colors are destined to mix to grey
I wonder wether I should add or substract ….
Till you can’t weep or cry and pour tears
so far you haven’t lost your soul
something like that I read on the ferry’s windows no visibility except the water writing
going hence coming hither by way of destiny
Tant que tu peux pleurer verser des larmes
jusque là ton âme n’est pas perdue
quelque chose de cet ordre s’écrit sur les hublots aucune visibilité
sinon cette eau
qui écrit ses allers et ses retours
en guise de destinée
En ce moment un fort bruit de fond
toutes fréquences par ailleurs égales
le climatiseur
la rue surpeuplée
le voisin de palier
les scooters plein gaz
me percent la matière grise
at the moment a grey noise
all frequences equally loud
the fan cooler
the busy street
the next door neighbors
mopeds at full belt
piercing my grey matter
l’ embuscade invisible d’un espace visible
menace au travers du gris rideau de l’air
an unseen ambush of a visible space
threatening through the grey curtain of air
reflets sur les vitres
gris souris gris chrome gris charbon
nuageux
une humeur boudeuse barbouillée
reflections on the windows
mousy chromy charcoaly
cloudy
a dull dirty dingy mood
the solidifying of the cooling crust of a land
which emerged
which is about to drown
this process
I name it grey
LIGHTSLATE GREY
Arpentant les trottoirs mes pieds dans des sandales
tracent un gris passage de temps emmêlés
My sandaled feet on the sidewalks
run a grey passage of entangled times
l’absence est-elle devant qui me montre la voie
l’équilibre est-il derrière qui m’appelle
mes yeux résonnent jusqu’au ciel devinant des avions
lignes droites grises au dessus
fumées des jets et rêves dedans
le vertige devrait-il être considéré comme un trou
tout gris
is absence ahead showing me the path
is balance behind calling me back
my sounding eyes up to the sky guessing planes
straight grey lines above
jet streams and dreams inside
should vertigo be seen as a grey hole
Ligne 33 bus de retour vers Macao depuis l’île de Taïpa
26 places assises et 40 debout annonce l’ écriteau
sont-ce des humains ou de sardines dont on parle
dans cette boîte j’en dénombre cinquante autant que je puisse compter toutes les têtes
des hommes parlent fort pour couvrir la discussion de touristes Allemands
ici on se doit d’entendre le Chinois version Cantonaise
un peu de fierté nationale plus un soupçon
de susceptibilité Macanèse
température extérieure 29 degrés celcius
à l’intérieur du bus le termomètre indique 19
la clim combat la chaleur
humaine
je décide de descendre au prochain arrêt
mon oreille a enregistré quelque chose comme shamalow
et en Portuguais je comprends
proxima paragem : San Malo
city of the flux of the flow
where precipitated elements
are running towards a meteorological depression
a modern life
a big hole
buzzing
an ant-city which queen is a concept about economy and increasing
wearing a crown which weight is time and history
a human burden of death and tears
cité du flot et des flux
où les éléments précipités
se ruent jusqu’à cette actuelle dépression météorologique
qu’est la vie moderne
un grand trou
bourdonnant
une fourmilière dont la reine est un concept économique de croissance
qui porte une couronne pesant le poids du temps et de l’histoire
un fardeau humain de larmes et de mort
Un aperçu résumé à partager avec vous, quelques points de vue depuis Macao où la nouvelle année pointe son nez .... rien du nouvel an Chinois, mais si pas de dragons, des démons intérieurs à combattre et des aventures à acceuillir ... faire face et s’adapter ne furent pas toujours faciles !
Anyway.... J’ai eu le loisir de méditer le Tao et en guise de bons voeux je vous soumets cette vertueuse résolution pour 2012... peut-être par et en cela réside une issue pour notre pauvre monde ...
L’homme d’une vertu supérieure est comme l’eau.
L’eau excelle à faire du bien aux êtres et ne lutte point.
Elle habite les lieux que déteste la foule.
Parmi toutes les choses du monde, il n’en est point de plus molle et de plus faible,
et cependant, pour briser ce qui est dur et fort, rien ne peut l’emporter sur elle.
Pour cela rien ne peut remplacer l’eau.
Ce qui est faible triomphe de ce qui est fort.
Ce qui est mou triomphe de ce qui est dur.
Mes voeux d’eau les plus liquides à tous et toutes !
En amitié