NATHALIE RIERA
SEQUENCE 6
le souvenir c’est comme cette photographie sous mes yeux je ne m’en souviens plus comme tous ces textes que j’ai écris je me souviens de ce que je n’ai pas vu me souviens seulement de ce que j’entends
toi que j’entends qui me demande de t’entendre que j’aime entendre je me souviens
je me montre à toi tu me touches des yeux plein de silence un écoulement ténu et continu puis la brûlure de la lampe où tu me regardes la brûlure sans aigreur
juste un terrible rayonnement
une exaspération la faim de son corps le manque
les mains sur la page blanche sous la jupe sans mots la peau et la langue
SEQUENCE 12
Adagio for strings j’entends comme tu es là me taire de joie m’enduire de joie
ça ne ressemble pas aux montagnes qui sont froides ni à ce qui saigne à aucun crépuscule aucun dédale aucune tourmente au cœur au corps tes doigts qui me parcourent me manquent ta bouche pleine de moi de mes seins à mes chevilles écoute encore ma voix mange les fruits sauvages des sentiers
la chute et la cadence des reins c’est un hymne monter toujours plus haut quitter les sentes les plus sombres c’est un hymne tous ces mots pour toi un cantique
parle-moi encore
à chaque fois qu’elle l’entend à chaque fois que ça déborde en elle à chaque fois de la flamme qui réchauffe son visage et ses mains à chaque fois que le silence est prière agrippe-toi à ma chaleur me calmer de toi m’égayer de toi me soulager de toi… excite-moi… déchaîne-moi
la source, c’est-à-dire l’embrasure
embrasse-moi passage percée brèche
viens à ma rencontre bouche jour prélude fais glisser la jupe départ essor la traversée en bouillonnement sueur nue sous la cotonnade de minuit enlace-moi
Nathalie Riera, Paysages d’été, Ed. Lanskine (à paraître vers 2012/2013) Première Partie - L’embrasure, c’est-à-dire la source