Sous l’occupation d’une armée
la ville des ardoiseries
annexée par troisième empire
et ses martèlements de bottes
il parlait avec les oiseaux
et tous les elfes de l’Emblève
qui lui apprenaient les chansons
demeurées de temps plus heureux
Boucheries et boulangeries
où l’on ne trouvait presque rien
avec des souvenirs d’années
où la vie était plus facile
mais où l’angoisse grandissait
sans que l’on ait pu mesurer
dans quel gouffre l’on tomberait
avant de pouvoir remonter
Au beau milieu de la forêt
des sources gargouillaient aimables
ferrugineuses colorant
de rouille les mousses voisines
et l’on écoutait la richesse
des bruits sur le fond de silence
que les désastres de la guerre
déchiraient de ravins sanglants
Une adolescence bilingue
mais dans un autre bilinguisme
que celui qui imposerait
ses problèmes sur le pays
avec une littérature
toute pénétrée par le chant
complétant merveilleusement
celle qui partait vers le Sud
Et puis le latin de l’église
avec ses psaumes et liturgies
les choristes dans la tribune
faisant résonner les ogives
soutenus par les tuyaux d’orgues
les doigts courant sur les claviers
les souliers sur les pédaliers
les carillons et glas des cloches