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MICHEL BUTOR

Butor, Michel, Interface

© Michel Butor
Publication en ligne : 20 février 2009

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Artiste(s) : Badin G. (site) Ecrivain(s) : Butor (site)

pour Raphaël Badin

  Nous nous sommes rencontrés il y a une trentaine d’années grâce à des amis communs. Pendant vingt ans cela n’a rien donné. Et voilà qu’en l’an 2000 surgit un projet de livre peint à texte manuscrit, défi que j’aime. Cela a donné Le jardin catalan sous ses deux formes. C’était si bien parti que nous ne pouvions nous arrêter là. Depuis nous n’avons cessé de travailler ensemble : livres, peintures sur papier, grands toiles, parfois de 2m.x1 ;50, éventails, objets de toutes sortes.

Badin Butor, oeure croisée

  Cela m’arrive tout prêt ; je n’ai plus qu’à intervenir. Je cherche naturellement si je n’ai pas dans mes greniers quelque chose qui puisse convenir, pour le recopier ou le plus souvent l’adapter. Mais parfois rien ne va ; il faut que je produise quelque chose de complètement neuf, comme pour la série sur la tauromachie. C’est toujours un grand bonheur ; la vieille source se réveille. De nombreux amis, peintres ou artistes d’autres disciplines, ont pour moi ce pouvoir de rajeunissement.

  Lorsqu’une oeuvre arrive, il faut en premier lieu évaluer la place dont je dispose pour assurer une certaine lisibilité, prévoir une mise en page, une écriture en capitales ou en manuscrit ordinaire plus ou moins appliqué. Une particularité remarquable des grandes toiles, c’est qu’elles sont souvent aussi intéressantes des deux côtés. Il faut alors trouver un texte qui se répartisse ainsi en deux faces, ou deux textes qui se répondent. Ces grandes toiles me demandent une gymnastique très ardue. Je suis obligé de les étendre par terre et d’écrire à genoux. J’ai de plus en plus de mal à me relever, donc je vais être obligé de me contenter de formats qui me permettent de travailler sur une table.

  Il faut utiliser de l’encre de Chine, surtout pour ce qui doit être exposé au mur, pour ne pas risquer un effacement progressif . Je prends des pinceaux ou des brosses, quelquefois des feutres dont l’encre primitive a séché. En règle générale il est beaucoup plus facile d’écrire sur du papier que sur de la toile, d’autant plus que Georges utilise souvent de la serge à grain très épais. Les matières picturales très diverses répondent différemment, absorbent ou parfois repoussent. Chaque oeuvre comporte ainsi un défi technique qui la transforme en aventure.

  Le texte, même s’il s’agit d’une reprise, rejaillit de ces épreuves comme d’une initiation. Je rajeunis, mais il mûrit. La toile, surtout recto-verso, devient comme un mur du son ou de la lumière que l’on traverse pour parvenir à des régions inconnues qui nous éclairent sur la nôtre. J’attends avec impatience les prochains chapitres de ce roman, ou les prochains chants de cette épopée.


 

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