Huitième salut : Comme une autre trace des viscères du dedans
Dans les horizons de boue, de sang, de larmes, de cris, de haine où il est confiné, le soldat sait qu’il n’a rien à apprendre que le feu extrême de notre condition. Les étouffements qui le prennent dans les moments d’accalmie embuent ses yeux de sel et d’ombre. Ses armes laissent dans l’air des éclats qu’il pourrait croire beaux s’il n’y avait le bruit, le goût des cendres mouillées, les relents de graisses, de sueurs, de corps malades, d’excréments, l’aigreur de son souffle, l’haleine des mourants, les pourrissements. Et tape dans sa tête la danse cahotée d’ombres, de cris, de bruits, d’éclats, d’odeurs, qui aspirent douloureusement à se calmer.
Il faudrait pouvoir prendre ces mêmes douleurs, les faire matières, leur donner forme et substance, s’en servir d’onguents et baumes, comme on transforme les poisons les plus violents, en soigner nos corps et nos âmes pour atteindre enfin la paix, comme le fait le danseur quand il apprivoise le feu...