Cinquième salut : Comme une trace du magma du dedans
C’est la peur qui fait cracher son encre à la seiche. Cette banalité permet d’établir une grande fraternité de mélancolie entre l’animal et l’homme. A cette douleur première, le calligraphe ajoute qu’il est obligé de dérober son encre à la seiche ou, à défaut, de la tirer des cendres volées aux feux morts.
A cela se greffent deux autres infériorités de l’homme sur l’animal : la première, c’est que la seiche jette son encre directement de son intérieur, alors que l’homme est obligé de passer par des médiations diverses qui nuisent à la pureté de son jet ; la deuxième, c’est que l’animal mêle son encre à la mer, ce qui multiplie les irisations, fait vivre la trace de son propre mouvement, et lui permet de se fondre dans l’élément qui la reçoit...
Il reste que le calligraphe porte dans sa main et son bras le mouvement de l’encre dans la mer, et dans sa seule douleur l’humidité relative de l’encre et du papier. En quoi il constitue un sismographe paradoxal !