Pour réagir directement à ce texte, vous pouvez me contacter, soit par voie postale, soit par courrier numérique :
Thierry Renard
à l’Espace Pandora, 8, place de la Paix-69 200 Vénissieux
direction@espacepandora.org
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Thierry Renard
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Nous savons bien que les mots quelquefois sont insuffisants pour réveiller à eux seuls les imaginaires perdus, pour redonner souffle et élan aux vivants que nous sommes. Nous savons bien aussi qu’en ces temps où les passions s’égarent, où même les plus gourmands deviennent tristes, la solution semble introuvable. Depuis longtemps, nous avons presque tout donné à la « chose » poétique et publique. Et ce n’est pas neutre, et ce n’est pas rien. Même s’il faut rester modeste, on le sait, car les revers ne manquent pas.
Nous voudrions aujourd’hui remettre à l’ordre du jour, voire au goût du jour, en rendant hommage aux proches disparus, et à ceux qui ont survécu, le Mouvement Pour la Poésie.
Ce Mouvement, né à Lyon au début des années 80, auquel appartenaient des hommes et des femmes comme Claude Seyve, Raoul Bécousse ou, encore, Jacques Bruyas, Annie Salager, Geneviève Metge, Andrea Genovese, Andrea Iacovella, Charles Juliet, a pris forme avant la fameuse Marche pour l’Égalité, Marche à laquelle nous avons également été associés. Nous étions jeunes alors… et larges d’épaules…
Nous voudrions réinventer ce Mouvement, parce qu’il en est encore temps, parce c’est le bon moment.
Suite aux récentes journées passées en compagnie de l’ami retrouvé, Patrick Chamoiseau, où il a évoqué pour nous la Mondialité contre la Mondialisation, la Créolité, voire la Créolisation, plutôt que le nationalisme ou le communautarisme, où il a mis en avant devant nous le concept de Politique de la Relation, nous avons été conduits à penser qu’il existe aussi une Poétique (po-éthique) de la Relation.
Nous avons songé à tout ce qui nous avait nourri jusqu’à présent : marxisme, surréalisme, existentialisme, situationnisme, actualisme, tous ces « ismes » qui pour certains paraissent avoir fait naufrage. En écoutant Chamoiseau, nous nous sommes dit que rien n’était fini, perdu d’avance. Qu’il y avait plus que jamais, malgré les horreurs et les brutalités de l’Histoire, malgré les contradictions les plus évidentes, des raisons d’espérer et de lutter. Alors nous avons bondi hors de nous, nous avons couru vers notre risque et vers « l’intraitable Beauté du monde » — tellement chère à Édouard Glissant et à Patrick.
Pour sauver nos peaux, pour repousser les vieilles ombres, pour pareillement sortir la tête du gouffre, pour la survie du genre humain et pour l’éveil profond et précieux de l’imaginaire, il nous faut un Mouvement Pour la Poésie. Ce sentiment, en nous, par-delà le silence et la solitude, nous vous l’offrons.
Maintenant, ou dès demain, nous aurons de nouveau quelque chose d’universel à partager : un véritable humanisme de l’imaginaire.
Maintenant, ou dès demain, solitaires et solidaires, nous marcherons dans les traces du Sensible et du Merveilleux.
Le monde a besoin
de la foi des poètes
Post-scriptum : La poésie au sens où nous l’entendons ici n’est pas un genre littéraire, mais bien une « autre » façon d’habiter le monde (en poète). Une manière de vivre pleinement la Politique de la Relation, en lien avec l’Institut du Tout-Monde fondé par Édouard Glissant en 2006. « Nos barques sont ouvertes, pour tous nous les naviguons. »