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BRIBES, VOLUME 5, CXLIX

Première publication : 17 décembre 2008

Clefs : Josué , spectacle , Ulysse

Heureuse Ruine, pensait Josuée, elle a donné au fond de scène, quand Apollon s’engloutit dans la nuit, les dimensions du Kirphis. Une fois installé l’apaisement incertain des hommes, on peut croire que l’on entend le Pleistos couler ; sa voix se fraie un chemin dans la symphonie tenace des animaux nocturnes et montent les constellations au dessus de l’installation de métal. Ses griffes accrochent, avec des lambeaux de nuit, la confusion des rumeurs qui viennent battre les pierres désunies du theâtre. Se lèvent les silhouettes amassées par le temps dans ses replis de poussière. « Dis, dis, c’est quoi ça ça veut di di dire quoi ça ? »-« Ça quoi, ça ? »-« Dans le programme, ça attend ça attend ça veut quoi ? ; »-« Quoi ? »-« Ecrit ça, c’est écrit comme ça, c’est, attend, écrit comme ç... écoute... c’est, écoute « Diaphane est le mot. » ça veut dire quoi ? »-« Di. Di. Diaphane on le dit. Ou... c’est pas translucide ? »-« Mais ça ça a ça veut dire quoi ? » On le dit le croit peine à le croire. On aimerait on aim. On aimerait ce serait. Ah ! Ah ! Si on pouvait le croire que diaphane que passé le mot à travers le ssss. Le ssenss. Ce serait si ce serait si. Sensé ce serait. Diaphane. Dia. Et comme Me voici ici assis au bord du. Le centre du monde est là. Je leur ai dit : « Ne vous rendez pas seulement sensibles aux voix, aux gestes, aux mouvements, mais aussi à la nuit, aux voix animales, aux soupirs des pierres ». C’est le nombril on disait le nombr. Delphes nombril ruine du cordon qui lie nous lie à la mère à la terre au soufre à Python. Et encore « Entendez les voix tues tombées des millénaires durant sur le sol de Delphes, puis sur la terre qui a recouvert le sol. Tombées sur la terre battue des cuisines, des chambres, des bergeries, des étables, avec les douleurs et le sang. Elles ont traversé la couche de terre sont allées se mêler sur le sol du sanctuaire à la voix oubliée de la Pythie au mot diaphane”. Diaphane comme c’est si. Vous avez dit changement de décor ? Non. Juste le temps d’un clignement d’œil. Un maigre déplacement du regard, à peine l’ombre d’un cil tremblé, à peine entre le mot et le ciel entre un nombril et l’autre entre diaphane et Delphes entre Python et Apollon entre terre et soleil entre en bas et en haut entre jour et nuit. Diaphane brume diaphane est le mot. Le nombril. La ruine. moi, l’abandonné de toutes les mers, le balloté, l’enchaîné, le déplacé, moi la proie, mais moi prince de mes pierres de mes rocailles, de mes chèvres de mes terres moi l’homme à l’arc bandé bandant tuant moi le massacreur de l’imposture moi l’imposteur.

©Editions de l'Amourier, tous droits réservés

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