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MARCEL ALOCCO

Butor bibliothèque
© ALOCCO Marcel
Publication en ligne : 14 novembre 2021

Ces textes ont été rédigés entre mai 1995 et octobre 2003

Une courte contribution intitulée À l’écrivain figurait dans le « Dossier Michel Butor » publié par la revue Rémanences n°6 (Bédarieux, avril 1996). Une version un peu augmentée a été reprise par le magazine La Strada n°0 (Nice, septembre 1998) sous un nouveau titre, Parole donnée à la peinture. Ce texte constitue le quart du présent Butor Bibliothèque, dans lequel il apparaît en fragments modifiés, principalement dans la partie Parole donnée à la Peinture.


A l’écrivain…

Comme si nous vivions un temps de feuilletonistes, tandis que paraît le précédent, ils mettent dès le premier octobre en chantier un autre même roman, tenus par la carrière, croient-ils, de donner dans les formes le point final avant le 14 juillet. Michel Butor, il y a des lustres qu’il ne produit plus son nouveau roman périodique, même s’il contribua à monter les degrés qui donnèrent des majuscules à l’expression – c’était un jeune écriveur, en un temps où commettre deux récits romanesques en cinq ans semblait un excès de vitesse, il y a longtemps, à peine passé le milieu du siècle dernier, c’est dire !

Quelques-uns me diront inconséquent d’ironiser sur le roman alors que je me permets d’ainsi caractériser certains de mes derniers écrits. Tout est affaire de sens donné au mot : savoir si j’entends par roman un "roman-roman", récit avec faille entre le fictif et la réalité conduit par un "écrivain-dieu", ou abruptement un texte déployé sur une durée et qui serait en rupture de conventions, écrit donc, au sens premier, en langue vulgaire – c’est-à-dire actuelle. Cette dernière définition ferait de Michel de Montaigne un remarquable romancier d’aujourd’hui. Ou simplement un écrivain… Modestement il essayait.

Mais revenons à notre écran d’ordinateur. Main à la charrue ou à la plume, Michel Butor trace droit avec constance des sillons toujours parallèles, auxquels une obscure stratégie permet des croisements multiples. Vous croyez être sur le versant ici, vous êtes déjà sur la pente là-bas, renversé comme aux antipodes par un invisible ruban de Möbius. Rassurez-vous, je n’invente pas une nouvelle géométrie du chaos : je ne hasarde qu’une image parmi les possibles de ses multiples apparences. Je le soupçonne, lorsqu’il relit certains matins l’ouvrage de la veille, de s’étonner à la découverte d’être rendu en ce point. Sachant toujours où il veut atteindre son port, Michel Butor irait suivant son écriture comme le laboureur son attelage (s’il nous est permis de désigner ainsi un airbus performant) rêvant d’aboutir aux splendeurs d’un orient extrême et apercevant de très haut le patchwork de terres nouvelles, la rudesse d’un territoire neuf en train d’inventer ses frontières, découvrant, non sans effroi quelquefois, son encore sauvage Amérique.

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Ses ouvrages inqualifiables…

Suivre sa plume comme une flèche qui irait se planter au bout de la page, rebondir comme une balle vers la page suivante, revenir vers les sources comme un boomerang, peser parfois lourd comme un boulet qui l’empêcherait de courir encore plus vite… Pour des livres qui ne seraient que des livres, mais tout le livre. Un livre sur écran panoramique et en technicolor, qui commence par la fin et s’inverse pour avoir un début au commencement, manière, pour plus de clarté sans doute, de brûler la chandelle par les deux bouts. A chaque seconde 6 810 000 litres à dévaler vers où ? Il incite au baroque, voyez-vous… avec ses ouvrages inqualifiables proliférant comme des forêts tropicales. Impardonnable en ce pays où les écrivains, qui tous se proclament subversifs, se doivent à l’absolue écriture de Madame de La Fayette, eussent-ils plus d’affinité pour ce qui se vend en Galeries qu’avec les esthétiques qu’on y pourrait défendre. Michel Butor aurait pu comme d’autres jouer à être notre Flaubert restauré – il aurait pu y sombrer, à nager dans les années cinquante tout proche de ces eaux là. Mais dans sa démarche, assez sérieuse pour atteindre à l’humour, en lui un Rimbaud disputait un Balzac avec pour le panache un brin de Cyrano, disputait peut-être surtout d’autres choses que de littérature… Allez savoir ! De ci, de là, aussi proche de la balançoire chère à Montaigne que d’une place pour chaque chose proposée par René Descartes. Demander à Michel Butor. Personne d’autre pour témoigner de ce qui n’est probablement qu’un rêve dans lequel je ne figurais pas, à moins que je n’en sois en cet instant le seul responsable, rêveur égaré à suivre mes mots débordant à sa poursuite à la vitesse de 6 810 000 litres secondes. Quoi qu’il en soit, bousculé par la dispute ou bien par quelque Waterloo des lettres françaises, Michel Butor s’est retrouvé dans cette zone blanche de la carte où l’ancienne boussole est obsolète, surface où la lecture s’épuise à suivre à la trace une écriture vagabonde et sinueuse qui pourrait n’avoir d’autre mobile que de déborder les toujours insuffisants dictionnaires.

Ici vient à l’esprit que les plasticiens dont il jalonne son parcours seraient comme des amers objectifs dans un océan des tempêtes. Pour l’écrivain, ce qui importe dans le travail d’un peintre, c’est sa digestibilité. Non qu’il soit digestible ou pas, mais comment, par quels processus il peut l’être, puisque l’estomac de l’écrivain est des plus solides et finira par assimiler. Il n’est pas d’œuvre plastique qui même si au premier abord "elle le laisse sans voix", ne soit au bout du compte soluble dans les mots. Il enveloppe son objet d’un réseau de phrases comme l’araignée d’un fil presque invisible ligote sa proie. L’apparence n’en change pas, mais la substance en est sortie. Ici, pour l’œuvre, qu’elle en ait été extraite ne signifie pas qu’elle est ailleurs engloutie mais, au contraire, qu’elle est mise, sur les mots, en exposition. Il y aurait dans l’œuvre comme la fascination d’une frontière enfin tracée avec ces instruments souples mais durs et concrets, supports, couleurs et matières qui se peuvent pétrir, plastiques dit-on justement ; l’illusion qu’enfin cela se pourrait saisir. Saisir avec des mots peut-être ? Mais les mots eux-mêmes sont à saisir… Alors il tourne autour et repart ou rebondit dans sa trajectoire, laissant l’artiste devant son travail découvert, toujours comme sa phrase en quelque manière inachevée… Ici encore l’écriture est parallèle. Asymptotique. Comme le navire entré dans le port n’est jamais dans l’île.

++++

L’appétit est réciproque

Pour les rares qui s’intéressaient à l’écriture contemporaine lorsque j’étais étudiant à Aix-en-Provence, La Modification était l’un des rocs incontournables d’une nébuleuse incernable qu’on appelait Nouveau Roman. Mais le hasard voulu que je n’aie ensuite jamais l’occasion d’une vraie rencontre avec Michel Butor pendant les années où nous vivions pourtant tous deux à Nice. Il faut dire que j’étais sur la marge, et lui, comme un phare, visible mais à l’écart, à la frontière. Ce n’est qu’au milieu des années quatre-vingt, quand il présidait à la mise en place du C.N.A.C à la Villa Arson que, participant de l’intérieur avec Raphaël Monticelli et quelques autres à cette aventure que dirigeait Henri Maccheroni, j’eus l’occasion de faire sa connaissance et, étonné bien qu’ayant lu Les mots dans la peinture, je découvrirais au fil des jours son parcours dans les couleurs et sa proximité avec nombre de plasticiens. Nous avons plus tard croisé nos égoïsmes, nous appropriant généreusement, comme il convient, le travail de l’autre en plusieurs occasions. Dans une interview, (Planète sud n°4, avril 1994) Michel Butor disait : Avec Alocco, la collaboration fut encore différente. Je lui ai fait des textes, et lui ensuite a réalisé des livres. Il a mis en page, mis en scène pourrait-on dire, les textes que je lui avais confiés. En retour, lui a aussi piétiné mes couleurs, pénétré de son encre les fibres de mes tissus. Car travailler sur un auteur ou un peintre, c’est le dévorer, et l’appétit est réciproque. L’important est que ce rapport d’anthropophagie mutuelle soit chaque fois une expérience encore différente. Entre l’écriture et la peinture, la relation n’est jamais réglée.

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Parole donnée à la peinture

L’écriture synthétise le souci d’être de l’écrivain. L’œuvre plastique ne s’incarne qu’une seule fois, comme elle peut ; tandis que l’écriture prend son assise dans un dessein permanent, développe de l’inscrit dans le temps et déborde la matière. Autrement dit – je suppose à mes dépens – Michel Butor n’oublie jamais qu’il est l’écrivain, et que le plasticien est producteur d’un objet qui n’existe que par l’exercice de la parole – singulièrement de sa parole d’écrivain. Je le notais, avec une feinte légèreté, voici bien des années déjà à propos du travail d’Albert Chubac : A la question "Pourquoi peins-tu ?" il faut répondre comme les enfants, parce que la phrase est pertinente, "Pour faire parler les curieux". (Catalogue Chubac, Galerie d’Art Contemporain de Musées de Nice, 1983)

Comme toute découverte (mise en vue), une hypothèse énoncée (ou une interprétation) ouvre un champ de discussion, de mise en œuvre de la parole où la parole fait œuvre. Tous les parlers, celui de Michel Butor et celui de l’artiste, et ceux des visiteurs, s’y heurtent, – sur la toile –, s’enlisent, dérapent, décrivent, décorent, enluminent, approfondissent, définissent et ouvrent l’œuvre ; mais la littérature, qui s’établit, se structure et fonctionne, est d’autonomie et de liberté devenue au bout du compte le mobile de l’exercice. L’œuvre pré-texte d’une œuvre…
On espère l’œuvre objet assez dur pour que le texte nécessaire ne puisse jamais atteindre sa fin et suffire à l’épuiser. Mais c’est là problème d’artiste, antérieur à l’écriture et qui lui est étrangère comme le saut du plongeur dans son déploiement l’est (étranger) au tremplin resté au point zéro du geste. L’œuvre est faite d’assez de conventions pour être discernable, d’autres choses suffisamment pour rester inépuisable par l’écrit et la parole, en un subtil équilibre que seul l’inconscient est capable d’apprécier. C’est d’être uniquement soutenue par la parole, ou bien entièrement de convention, qu’une œuvre un temps dominante se retrouve vide de sens pour la génération suivante, tant elle fut épuisée de mots trop dictionnaires. A l’écrivain peu importe si l’œuvre un jour se révèle coque vide comme la carapace de l’insecte encore longtemps après suspendue dans un coin entoilé du grenier : Le texte lui survit. Le "roman" lui survit. J’entends, bien sur, que ce mot "roman" ne désigne pas un genre mais, au sens premier, le vivant de la langue. Le "roman", lui, survit. Il est le tissage au présent (texte) d’un secret que l’on croyait un peu perdu, ou bien la légende d’un chef-d’œuvre que le vulgaire n’entend qu’à travers l’écho persistant d’une vie :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle !
Oui, Hélène. Nul ne saurait plus avoir désir de ce qui reste de toi, et cependant qui ne te désirerait, le temps de la lecture, ce temps bref où tu es présence à nous sonore,
...assise auprès de ta cousine
Belle comme une Aurore et toi comme un Soleil,
celle que dans nos cœurs le poète continue de chanter ?

La force de l’œuvre est d’être un objet qui suscite un discours varié mais unique en ce qu’il ne vaut que pour lui et par lui, que la parole anime mais n’épuise jamais. Soyons modestes, peintres mes frères, devant l’écrivain – et plus encore, avec lui, sachant qu’un jour tout œuvre va se clore – devant la langue qui, elle, ira encore, toujours autre, dans un jeu de subtils glissements vers l’infini des temps...

L’orgueil serait d’être l’œuvre absolue qui retient une pierre dure immense, quelque himalayen diamant qui rayonnerait les lueurs volatiles de l’écriture, qui ferait dans la confusion de l’œuvre avec l’écriture un seul objet, son objet. Sauf que s’il est objet, il est l’objet de la fabrique. De lui naîtraient des dictionnaires, inépuisables même à 6 810 000 litres par seconde. Nos esprits et nos corps, eux, s’épuisent.
Et s’épuise le thésard désespéré qui arpente la Butor bibliothèque et ne parvient jamais à mettre à jour la bibliographie butorienne. Ici un Sisyphe jouerait contre un autre Sisyphe à qui monterait au sommet le plus de rocs. J’imagine au matin Michel Butor parcourant le tapuscrit vomi tard la veille par l’imprimante et, débordé, ajoutant encore à l’indéfini dans cette poursuite absurde qui est notre seule raison, à suivre, pour voir, où qu’elle aille, son écriture. L’idée cependant que, par un juste retour, déjà peut-être, bientôt sans doute, puisque étant aussi œuvres de paroles pré-textes à d’autres paroles, des tonnes inévitables de thèses s’abattent sur cette écriture en leurs masses commentatrices diluée, m’effraie.

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