Hubi, Jean Claude, Campo de Criptana

Village de poussière et de soleil aux portes bleues, entre blés et moulins Campo de Criptana guette le retour du chevalier qui est passé ici si vite il y a quatre cents ans. La bière glacée mousse au bistrot de la place, la seule place, où les mouches s’assoupissent dans l’ombre transparente.

La servante qui balaie ma chambre dit que je la gêne et déclare que je me marierai dans l’année. Elle a mis un fichu autour de ses longs cheveux noirs. Ses sabots claquent frais sur le pavé humide.

Le soir je vais au cinéma en plein air, couvert d’un toldo écru qui laisse filtrer le ciel lumineux. La séance commence tard pour une foule joyeuse à qui parfois l’écran parle des langues inconnues. Contre les murs de la cour où l’on a rassemblé des bancs et quelques chaises, des fléaux et des râteaux de bois rappellent que le travail et le spectacle, c’est la même vie.

Dehors la campagne est une houle de blés et de vignes parcourue par un réseau de chemins poudreux. Le soleil broie le paysage.