MARCEL ALOCCO
Villa Arson, Nice, du 17 février au 28 mai 2012
Une exposition associée au projet de recherche Archive, histoire, projet qui bénéficie du soutien de quelques institutions suisses. Tout y est bien rangé, plus ou moins intéressant selon les artistes, mais partout tip-top. Et puis le projet induit de faire sens pour chaque démarche autant que dans la cohérence de l’ensemble. Sens dans la présentation elle-même et pas seulement, comme c’est trop souvent le cas, dans un discours extérieur qui ne parvient guère à animer l’objet. « L’archive exposée n’est finalement rien d’autre qu’un état possible de sa constitution. Cette propriété singulière, notons-le, ne concerne pas l’œuvre-comme-archivemais bien l’archive-comme-œuvre : une archive qui, à travers son exposition, fait se télescoper les deux étapes de sa constitution et de sa restitution, généralement distinguées dans les sciences humaines. » écrit Christophe Khim.
Nous retrouvons ici, peut-être davantage systématisée, une démarche d’artiste que nous avons déjà souvent rencontrée… à l’état plus « sauvage » encore… Impossible de ne pas penser au petit livre de Daniel Spoerri, « Topographie anecdotée du hasard » qui archive très consciemment, plan à l’appui, les objets du tableau-piège. (éd. Galerie Lawrence, Londres, 1962) Ou aux accumulations comme en collections d’objets récupérés, réunis en ensembles par Arman, qui ira jusqu’à utiliser des archives véritables avec le courrier de Pierre Restany ou le portrait d’André Verdet. Les séries d’objets anthropologiques inventés à ses débuts par Boltanski, ses réunions de photos, de vêtements… Plus largement Jean Le Gac, Paul-Armand Gette, et bien d’autres, chacun structurant ses récoltes à sa façon. Je construisais moi-même en 1967 une série de boîtes vitrines, pages réunies en exposition comme chapitre d’un livre sous le nom explicite de « Tiroir aux vieilleries ».
C’est dire que la notion d’archive est dans l’art comme ici assez ouverte pour que puissent s’y insérer les fantasmes très divers d’artistes aux soucis fort différents. Une variété qui fait de cette exposition un parcours agréable, ouvert peut-être sur des pratiques à venir encore improbables, avec pour avantage d’ordonner une entrée de lecture qui favorise la rencontre.