Si, du Nouveau Réalisme, devait ne persister qu’un seul nom, ce serait très probablement celui de Pierre Restany, inventeur du concept.
Ce qui lie les œuvres fort diversifiées des artistes du groupe et des quelques uns qui autour travaillèrent dans cette zone, est plus de l’ordre du comportement ou de la sociologie, que de l’esthétique Sauf à être très hypocrite, on ne peut voir de point commun dans l’esthétique entre un sobre monochrome de Klein et une ironique machine de Tinguely, ou la déclamante publicitaire Marilyn d’une affiche (à peine ) lacérée de Mimmo Rotella. Avoir inventé un concept pertinent capable de joindre dans une même dynamique l’œuvre picturale de Klein, la vision objectivée anthropologique d’Arman, les sculptures mobiles absurdes de Tinguely, la vision Pop’ de Raysse, etc... et puis les variations « affichistes », fait sans doute du critique Pierre Restany, en son domaine, l’un des plus remarquables créateurs de ce demi-siècle finissant.
Rotella, dont le Mamac présente une rétrospective, est certainement, des « affichistes » Nouveaux-Réalistes, le plus erratique. On ne retrouve pas dans le travail de Rotella la rigueur de François Dufrêne, la ligne épurée de Villeglé ; il est comme celui de Raymond Hains, plutôt protéïforme. D’abord très influencé par les surréalistes, il aboutit à des œuvres d’une grande simplicité, dont les arrachages montrés en verso sont un sommet d’une grande force plastique. Sa participation parmi les dignes continuateurs de Raoul Hausmann dans la poésie phonétique, n’est pas négligeable. Il y a certainement de la complaisance à la mode dans une pratique du Mec’art quelque peu terne, voire de la facilité dans la période des années soixante où l’anecdote publicitaire prend le meilleur sur l’intervention plastique de l’artiste, mais l’ensemble de l’œuvre reste d’une grande présence. L’exercice de la rétrospective, si épurée soit-elle, reste d’une périlleuse mise en évidence. Les grands murs d’un musée sont sans pitié. L’œuvre de Mimmo Rotella, sans être centrale ou bouleversante dans le paysage de son époque, y est respectable. Et ils ne seront pas si nombreux ceux qui...
Post-scriptum : aucun rapport avec ci-dessus, mais à connaître : visitez l’exposition Louis Chacallis, Galerie Sapone, 25 boulevard Victor Hugo, Nice ( jusqu’au 29 janvier)
La Strada n°11, janvier 2000