1.-
Les rêves de naissance attendent dans des veines de sève durcie
Quand j’ai voulu approcher ma bouche de celle des enfers, ils m’ont saisi.
Tu en portes la trace au bout de tes pinceaux.
2.-
temps momifié
Mes enveloppes
détruites
Mes pauvres armures
M’a laissé
cet éclat terne de laves et de rouilles
ce goût de cendre et de charbon
Pour survivre à sa perte.
3.-
Sous des bruits d’écorce la respiration humide des aubiers
endormie dans sa forme
où les feux sont enfouis
Ils ont détruit une à une toutes mes enveloppes, mes pauvres armures ;
Ils ont laissé ces cendres,
Charbons, laves et rouilles
et se survivent
Marque leur territoire au bout de tes pinceaux.
4.-
Les sèves froides
sont demeurées
béances au bord du vide.
Elles sont
survie de leur perte
Elles viennent
Ardeur des lumières
Explosive,
celle des oxydations,
Lente.
5.-
Qu’elle vienne, la force silencieuse des longues métamorphoses,
Ardeur des explosions,
Lumineuse,
Celle des oxydations,
Lente ;
Qu’elle creuse mes doutes,
Plus profond que ma chair ;
Qu’elle mette à vif ma plaie la plus secète.
Relèves-en le lieu au bout de tes pinceaux.
6.-
Toutes mes enveloppes,
Pauvres armures,
Une à une ont été détruites.
Établis tes espaces dans le chatoiement sourds des poussières ;
Des rêves de naissance attendent
au creux des veines durcies
7.-
J’ai voulu me pencher au bord des enfers,
Et le feu m’a saisi.
Quand il s’est retiré,
Il a laissé cendres et charbons, laves et rouilles.
Établis nos territoires dans ces chatoiements sourds.
8.-
Ici se sont enfouis tous les feux à venir.
Ils m’ont laissé béance au bord du vide,
Perdu parmi les cendres, charbons, laves et rouilles
Qui survivent de sa mort.
Recueilles-en la trace au bout de tes pinceaux.
9.-
Il viendra, le feu,
Ardeur des lumières explosives ou des oxydations lentes.
Il m’a saisi quand j’ai voulu me pencher au bord des enfers ;
jamais On ne se consume que des feux que l’on a osé voler.
10.-
Béance en bord de vide
Pour survivre à la perte.
Tu poses
Ce qui fut
en tremblement de vie.
11.-
Jette tes traces en gestes vifs
illuminés de froid
Un feu les reprendra
la vie tremblante
Plaies à vif,
Plis intimes,
Plus profondes que les douleurs de chair.
Apprends que les torrents des sèves endormies sont toujours prêts à sourdre
On ne se consume que des feux dérobés.
12.-
Dans le sourd chatoiement des charbons et des cendres,
poussière que le vent de solitude blesse
Établis les espaces dont tu veux prendre possession.
- Ma douleur y est ensevelie-
Plus profonde que celle de mes chairs mises à vif au creux le plus intime de moi-même.
Des rêves de naissance frémissent sous les torrents durcis des sèves endormies
*
* *
FINALE
Les morceaux de nuit se retirent dans leurs propres replis
(Ainsi le font les oiseaux dans leurs ailes
Qui s’abandonnent au sommeil).
L’aube vacille et chancelle, chassant les chiffons d’ombres.
Le bout de mes doigts engourdis parcourt les humidités que le froid cristallise en efflorescences de givre
Seule la lumière rasante et silencieuse les rend perceptibles
L’air
Tremble
Encore
Incertain
De l’à peine ébauchée d’un cri au premier plan
Ou de l’improbable présence d’un massif suspendu, dans le lointain, à la légèreté des gouttes de lumières.
Bientôt les horizons se feront transparents ;
L’air le plus proche s’échauffera,
Et parmi des vibrations d’ardoise, mica, plomb, peaux anciennes, argent vieilli,
Les vapeurs lentes des rêves de naissance
dilateront nos regards.