Et la peur, présente elle aussi... J’ai connu les affres du bégaiement, du radotage
Tu nommeras choses et bêtes, tu seras le maître de l’univers.
Tu mêles souvenirs et visages en pensant fuir d’un monde dans un autre, tu fais s’entrechoquer des planètes que leurs soleils éloignaient, tu brasses des galaxies silencieuses, sans égards pour les espaces ni pour les temps. Des millénaires soudain se fondent les uns dans les autres, des langages éteints se mêlent à des balbutiements que de jeunes civilisations construisent, peut-être le choc d’elles-mêmes naissant avec elles-mêmes mourant ; des constructions bleues de mots scintillants organisent, énormes (non pas infinies, mais sans cesse pulsant, repoussant d’incommensurables, d’incompréhensibles limites) leurs structures métalliques ; des voix puissantes, à la force retenue, bruissent au fond de lagunes tremblantes ; des feuilles mortes chevrotent leurs notes claires sur des boulevards déserts, les rues dressent leurs hautes interrogations et le fleuve, unique, insensible, fleuve qui tout rassemble, coule, emportant avec lui l’air déjà plein des bruits du jour.
Tu nommeras choses et bêtes...
Le monde s’organise et j’erre dans l’écheveau de mes propres visions, libre de contraintes, je perçois aussi des chants sans limite, des couleurs diffuses, des odeurs fluides au bruissement des feuilles.
Tu nommeras...
AOI