ALAIN FREIXE
Merle noir
Neige, encore. Herbe, toujours. Et l’oiseau noir. Entre fleurs mauves et blanches. Sous le regard plus lointain des safranées. Déjà là à sautiller.
Bientôt, entre l’éclat des fleurs sauvages de l’églantier et le rouge sombre des roses, entre vie et mort, à longs traits, par bonds et flèches tirées d’un bord du jour à l’autre, le merle écrira le mot de passe que son chant armera de silence.
Et je resterai là les yeux loin dans l’infranchissable de son chant.
Suspendu à cette empreinte dans l’air, à cette ombre d’une lumière qui, longtemps après qu’il a disparu, demeure.
Dans le brouillard bleu du soir, les corneilles, les corbeaux, tous les oiseaux noirs ont beau crailler, je l’entends encore, mon ami le communard. Irréductible. Souverain.
Je le sais être de tous les retours.
( Poème publié avec une gravure de Fernanda Fedi en italie, Il libro del merlo en mars 2008 )