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Chère 2
© Alain Freixe
Publication en ligne : 18 janvier 2020

0-

Souviens-toi. Sa dernière lettre...ces figures traversées, ces mots déchirés...Et de ces failes le déploiement d’un vide, ses méandres...

(le 14 février 2009-AF)

1-
Ai-je reçu une lettre d’elle ? Je ne sais plus. Je me rappelle seulement un regard, pupille ou quasar ; et cette salive des arbres en bordure de gorge. Elle cherchait quelque chose me semble-t-il...mais quoi ?

1’-
Dame, l’oubli. Déjà ! Comme me plaît ce salut sur le seuil. Ami, je te propose un pari. Et si c’était la même chose que toi ?
Cette parenthèse contre le mur du soir. Ce rien de silence sur le carrefour éteint des mots et des morts. Ce chien noir dans les roses ... Non, sa couleur. Quand il s’enfuit. La seule !
(le 22/9/99)

2-
Je ne me souviens vraiment plus de ce qu’elle avait écrit. Ne me reste que cette trace posée entre oeil et trou noir. Et des bruits de déglutition, comme des lourds remuements qui viennent des vallées. N’est-ce pas ?

2’-
C’était hier. Le ciel s’était pris aux arbres. Secs et noirs. De l’autre côté du mur, entre deux éboulements, ce fracas de la nuit n’ouvrait au plus rêche de la tête qu’un grand rire. Entre deux claquements d’étoffes et une oeillade assassine.

3-
Comment donc était alors donc son rire ? J’ai du mal retrouver son timbre dans le vent. C’était comme un geste au front des galaxies, l’inspiration des arbres, un tourbillon silencieux au fond des nuages.

3’-
C’était plutôt comme un fruit mûr. Avant sa tombée dans le noir. Terre calme et sans écho. Eclairée comme par en-dessous par les souffles pressés du vent. Leurs hoquets au long du soir. Et, dans les creux. Un silence.

4-
Il me semble bien avoir reçu un appel d’elle, c’était comme en passant. Etoile exorbitée.Ici, le vent délie les articulations délicates des arbustes, collines hérissées. Un épervier tourne au-dessus de la ville son ombre ton sur ton sur les toits de cuivre.

4’-
Ici, c’est le plané de la buse qui force le regard à ralentir. A se froisser de bleu. A se froncer de quelques nuages. Avant de se glacer au froid de cette géométrie glissée. Et quand un peu de jour s’est posé sur le jardin, l’herbe est restée noire.
(le 29/9/99)




5-
Qu’attendait-elle en vain ? Il lui suffisait de lever la tête pour que du ciel naissent des lèvres ; ondulation des racines, reflets des pépites lourdes. Sais-tu ? Cet éclat des couleuvres qui fuient à l’orée des villes entre glace et minéral.

5’-
Il est vrai que le plus souvent, elle baisse les yeux. Vers le silence. Quand déjà plus qu’à moitié englouti, il s’effile dans le vent. Te le dirais-je, j’attends qu’elle passe. Tendue vers ce corps qui la précède de toutes ses ombres. Simple et gris.

6-
Se rappelait-elle cette musique ? Et toi, t’en souviens-tu ? Le souffle des zodiaques dans les volcans de pollen ; les abeilles aux pattes de coton filant leur miel jusque dans les usines. Elle se serait immolée là-dessus.(Disait-elle.)

6’-
Est-ce à moi à en appeler à ce qui n’est déjà, comment en douter, plus que des souvenirs ? Ecoute. Elle n’émergeait pas toujours d’entre les plis des portiques de pierres. Elle errait. Fantômatique. Entre des blocs de granit noir. On ne devinait que sa voix. Son chant. Quand ce déplacement dans l’air de son corps était tout son corps. Et que la bruine y gravait ses cupules.

7-
Qui donc est-elle ? Plus que le souvenir, il est vrai. Une errante posant ses pas dans la poussière de l’ourse. Les murmures des messugues dans le dos tandis que la forêt prenait des teintes de vieux zinc, et c’était la nuit... Les galets du vieux port ont des allures de chats.

7’-
Et les chats, à l’abri des regards, dans les décombres et les platras, élèvent dans ses docks abandonnés des poussins de mouettes. Ils ne savent rien d’elle. De celle qui toujours sut prendre les devants. Et à peine déclose ne pas s’attarder. Mais vous-même comment l’avez-vous trouvée le jour du livre ? Me le diras-tu. Enfin...
(le 6/10/99)

8-
Ce jour-là elle était bien en forme, me semble-t-il… Elle avait ouvert ce livre avec des précautions de jeune vierge ; y avait porté la bouche et la main… juste assez pour sentir l’or des bourgeons couler en fleuves tandis que dans le secret de ses veines glissaient silencieusement des carpes aux reflets d’acier.

8’-
D’où nous vient-elle ? De quels limons s’arrache-t-elle ? De quelles correspondances se charge-t-elle dans sa remontée ? De quels renvois se déleste-t-elle dans sa bascule ?



9-
Et comme elle glissait sous le ciel ! En as-tu gardé la mémoire ? Elle aurait pu tout aussi bien chevaucher Pégase lui-même dans des clapotis de basalte. Sous l’éclat de sa langue palpitait le pebre d’aïl.Oh ! ce souvenir de loups cerviers dans le maquis !

9’-
Oh ce souvenir d’un défroissé d’âme qui passe ! Tu aurais peut-être pu oser un “ langage entier ”. C’est cela que ne vent ne cessait de répéter à notre fiancée. Mais à peine attirait-elle nos yeux qu’elle s’effaçait déjà en eux. A sa place, bouchant le trou, ce rien du silence. Où les mots vont trouver à se désépaissir du rouge sombre des chairs. A se désenchevêtrer du lacet brûlant des idées. C’était quand déjà ?

10-
C’était un début de printemps et elle s’illuminait. Non ? Sur le portique d’ardoise venait vibrer le rouge-gorge dans une fraîcheur de mai.

10’-
Oui, l’arbre était blanc. Il coupait la vallée qu’un corbeau remontait de toutes ses ailes juché sur l’air de la surprise.
(le 13/10/99)

11-
T’ai-je dit qu’elle était renversante ? Je ne sais plus.Dans l’odeur de la myrrhe et le chant du cop - enveloppant. Ce frémissement de mots ! Cette vibration de la gorge ! L’orgie douloureuse des quais ! Ou la saveur acide des fumerolles ?

11’-
Moi, je t’avais dit qu’elle pouvait être transparente. Certains jours. A certaines heures. Quand le ciel béguaie et souffle, il n’y a qu’elle qui sait s’appuyer sur le son froid de l’air qui passe. Les yeux perdus dans le flot qui s’ensable.

12-
Elle portait, me semble-t-il, un médaillon sans âge. Une image poudrée. Un murmure. Un crissement de gravier sur une place vide. L’ouverture verte d’un golfe. Le froissement d’un vieux tissu.

12’-
Le filet d’air d’un jour sec. La lame. Cette clarté de fin d’orage sur les feuilles. Cette lumière de mouettes folles dans les plis du vent et des embruns. Cette grisaille d’horloge sans aiguille. Ces laines enfin arrachées aux épines du gel . Et qui se perdent pour d’improbables nids.

13-
Que d’espaces elle a écumés. J’en conserve un compte très exact. Entre cancer et capricorne, l’empreinte de vos pas sur des esplanades de schiste. La martre se fraie un chemin têtu par la lune d’avril.


13’-
Mais ses passées sont sûres. Beaucoup plus en tout cas que mes relevés ! Moi, vois-tu, tout ce que je sais d’elle est ce qui s’en retire. Quand les pierres barrent la passe à l’herbe. Sous la flamme blanche du vent.
(le 20/10/99)

14-
Ne prétendait-elle pas qu’elle rêvait d’arènes gorgées de poussière où les cris s’étouffent dans des gargouillis de sang ? Les gouttes installent des mots sur des lèvres inconnues.

14’-
C’était cinq heures de l’après-midi...non, je n’oserai poursuivre.. On ne voit pas toréer la mort sans que ne s’avive la lumière et le silence d’une musique tue. Dans le brouillard de sa bouche, sous la langue, c’est à peine une odeur. Ces mots qui tombent.

15-
Voudrais-tu rire ? Le pourrais-tu ? N’as-tu pas pris le monde trop au sérieux ? ou trop en dérision ? Va et vient entre roche et bois que des salamandres dessinent avec patience.

15’-
Si je riais, debout, dos tourné - histoire d’entendre ce qui se perd de vue - seul et noir sur le ciel bleu, cette découpe de voix dans le vent et d’ombre sur le mur d’en face, ce serait seulement tragique. Cette tension hors du ton sans ton de la corde des jours. Ce resserrement. Ce feu de toute présence. Quand on essaie de prendre visage. Ici, plus loin, qu’importe !

16-
Dans ces rêves d’espace, me retrouves-tu ? Et tous ces souvenirs qui te hantent. Ils sont comme la poignante nudité des choses quand on ne peut plus les saisir.

16’-
A toi de dire. Mais ne me hante que ce qui se lève au carrefour. Là où mémoire et imagination croisent leurs souffles. Levant dans la poussière tous ces fantômes en manque de corps. Ces fictions qu’il nous faut bien habiller moins pour les saisir que pour les tirer de ce côté-ci du visible. Ah ! Le ciel ! Ah ! Tout ce bleu qui se rue et dévale les pentes ! Ah ! Le fracas des franchissements !
( le 27/10/1999)

17-
Ah ! les herbes ! Ah ! leur germination silencieuse ! Ah ! leur fragilité soumise sous les vents et les pluies ! les parfums d’été froissés quand on les coupe ! leur disparition quand elles se reboisent elles-mêmes peu à peu jaunissantes et passées. Le sais-tu ?

17’-
Si je le sais ? demande aux oiseaux. Aux mésanges, surtout. Celles de l’hiver. Elles te diront comment je prépare la venue des simples d’après neige. Ah ! les fétuques ! Ah ! la dissémination jusqu’au coeur des villes !

18-
Ah ! les villes ! Leurs grandes avenues salées pleines et acres sous le parfum des pluies ! Y as-tu flâné dans le cocon un peu sale des bruits tandis que des oiseaux mouches pompent le nectar bruyant des avenues ?

18’-
Je n’y flâne plus. Flâner, c’était hier. Ah ! l’époque des passantes ! Aujourd’hui, j’ai mon grillage. Et mes clous rouillés. Ils ont l’aigu de cette couverture qui titube sous la neige qui tombe et l’accéléré du froid qui siffle entre le silence des flocons.
La rue est calme. La mort s’approche. Paresseusement.

19-
Et encore...Sais-tu te laisser aller entre les rouleaux du temps ? Tu y es mêlé aux arbres et aux bêtes, aux rochers déchiquetés que la lumière troue. Ah ! la grande frivolité du temps.

19’-
Ah ! cette faim qui se retire. Emportant l’épave de son feu. Et ce sont des coffres vides. Ces cendres. Forcées hors du foyer. Perdues et noires dans le passage. Sur le bord des yeux, un peu d’ombre témoigne encore de ce qui ne dort pas.
(Valberg le 3 / 11 / 1999)

20-
Je me souviens... tu savais prendre la mesure de l’espace pour le mettre en rotation toyt autour de toi, dans les parfums moites.

20’-
Oui, l’espace. A éveiller. Quand la nuit éteint ses feux et que le monde semble se fermer sur lui-même. Le coeur s’enfle si bien qu’il rayonne jusqu’à pousser les yeux à ne faire que voir. Comme débarrassés des mots. Dissous dans l’eau de ce regard où plus rien ne passe.

21-
Tu sais aussi aimer l’espace, j’en suis sûr. Ta caresse grande aile, tu lèves les yeux vers le ciel et tends le menton entrouvrant la bouche, tu bois l’espace et son goût de salive.

21’-
Ne te l’ai-je point dit dans mon précédent envoi ? Dans l’espace, je promène entre saisie et dessaisie, avec tours et retours. Mais je ne sais rien des détours qu’à l’évidence j’emprunte parce que justement je tiens mes routes à bout de pas.

22-
Ai-je reçu une lettre encore ? Grand silence sur le sable. Il conserve les traces molles des piétinements, les rituels sanguinaires et les marques de griffes et de coups de bec.



22’-
Regarde ! tout est parfois si lisse ! Demeurent, pour nous parler de la mer, de sombres épaves, ensevelies plus qu’à moitié. A ces vestiges, mesurer l’appel exige que l’on descende sous ses propres yeux. Pas à pas.
(le 10 novembre 1999)

23-
Un pas de plus et c’est la fin. La douce fin, n’est-ce pas ? La paix enfin des yeux, des bras, des corps. Et l’ordre des fumées, des vapeurs et des nuages sous un soleil sans éclat.

23’-
Ah ! Ce pas, mon ami, n’est pas de nous. Il n’y aura pas de dernier pas. Pas de dernier mot. Jamais la paix. De notre part. Tout nous viendra d’elle.

24-
Que disais-tu ? La paix des pierres ?

24’-
Oh ! non ! Au-delà des pierres ! Là où ce n’est pas encore le ciel mais où déjà l’oiseau est la clef qui efface tout sur son passage. Portes et seuils. Ce froid, c’est elle. Dans les couloirs de l’air. Ce vol, ses mots entre pierres, arbres et ciel.

25-
J’entendais bien ses mots mais ne les comprenais pas. Sa voix m’était familière, mais je ne la comprenais pas.

25’-
Ils me traversaient. Frontalement. Et derrière, depuis ce noir dont on ne sait rien, ouvraient des routes par où elle s’enfuyait vers ces terres où l’argile est ivre. Avant les vignes.
( le 17 novembre 1999)

26-
Elle s’était installée près des sources dans l’herbe, et elle écoutait dans l’air le vol de mouches qu’elle ne pouvait voir.

26’-
Oui...C’est bien cela. Voilà que je me souviens. Elle entendait - cela se voyait à la façon qu’elle avait d’avancer les mains pour toucher des doigts le mur vibrant de l’air - passer ce qu’à ses yeux interdisait la lumière. Une chute sans voix qui seraitrestée là à attendre. Au ciel . Comme dans un grand puits d’oiseaux.

27-
Ses yeux poursuivaient-ils dans l’air d’autres scintillements qu’elle seule pouvait discerner : elle se serait bien adressée à eux, si elle avait été sûre de n’être entendue que d’eux... Elle leur parlait, sois en bien persuadé, mais dans le secret de son coeur.




27’-
Je n’arrive plus à te suivre. Je te perds dans ces méandres. où le coeur et ses secrets s’assèchent jusqu’à abandonner leurs carènes éventrées, gangrénées de soleils, aux caresses du ciel. Restent les sables. Sur leurs bancs, c’est à l’envers que je la vois. Et de dos. Silhouette mouvante sur le silence épais. Qui à peine s’écaillait.

28-
Je me souviens de ses frémissements ; c’était comme si elle abritait au fond d’elle même, un petit noyau pulsant et si sans cesse elle se tournait vers lui...
J’imaginais les pensées qu’elle roulait sur elle-même : « Ah ! oublier le monde et ses rigueurs d’hiver ! Ah comme j’ai froid ! »

28’-
C’était comme si un souffle à forte odeur de neige la faisait frissonner. Vibrer ou rayonner. C’était tout un pour elle. Ni son, ni lumière pourtant. C’est entre les deux qu’elle tanguait. D’un bord du jour à l’autre. Perdue derrière ses longs cheveux noirs.
(le 24 novembre 1999)

29-
Elle prenait des libertés avec son corps, qui le lui rendait bien ; elle le voyait flotter au dessus des falaises : ses bras épanouis suivaient l’ample dessin dont ses mains entouraient les anses du ciel.

29’-
C’est alors qu’elle nous renversait. Allez, redisons-le. N’est-ce pas autour de cela que nous tournons ? De cela qui faut. Brèches qu’elle taille dans nos yeux. Et ce sont des blocs qui finissent par s’ébouler sous les paupières. C’est toujours cela que l’on entend quand on la regarde. Un bruit de pierres dans l’éboulis. Une « enfuie ». Souviens-toi !

30-
L’as-tu déjà vue courir ? Ses pieds se poursuivaient, et elle semblait bien à son aise, dominant leur course double de toute sa belle silhouette ; ça n’était pas galop, c’était glissade ou mieux encore, élancement des ailes dans la nuit.

30’-
Moi, c’est penchée que je la revois. Penchée sur le sol, occupée à effacer les traces qu’elle laissait. Cul pointé - l’on en riait parfois ! - vers rien d’autre que ce grand chemin de terre qui tournait là où le cyprès jouait de toutes ses branches avec l’écharde bleue du vent plantée dans la poussière que levait son impossible pouvoir de destruction. Ah ! les chemins battus ! Qui dira jamais leurs pouvoirs ! Allez plus de traces ! Rien que le ciel pour miroir et nulle autre couleurs que celles du vide.


31-
Dans l’ombre des miroirs où l’eau se fige, elle ne cesait de s’étonner : cette image en dehors d’elle, et devant elle se mouvant comme elle, était-ce elle ?

31’-
Déjà elle basculait dans le vide. Je la vois encore fermer les yeux du ciel et sur l’épaule d’un dernier éclair abandonner sa chevelure aux menthes fraîches de la nuit.
(le 1 décembre 1999)

32-
Voici un autre souvenir qui me revient : elle se tenait entre pli et souffle, entre voix et voûte ; une mélodie lente ruisselait depuis les hautes colonnes, et c’était la poussière de bourgeons qui clignotait dans les rais de lumière.

32’-
Elle regardait la musique. Ce chuchotis de lumière sur le bord déchiquetté des fleurs. Ce bruit d’eau au milieu du torrent sans les hauts-le-coeur de l’écume. Ce murmure de l’éclair à ptopos de l’orage. De son faux pas.

33-
Dis-moi. Où est-elle maintenant ? Où est-elle ? Ce n’est pas disparition, c’est cachette : notre appel se perd dans les forêts. De grands carnassiers transitent par ici...Où est-elle ?

33’-
Et comment savoir, si c’est du fond de l’oubli qu’elle remonte jusqu’à nous ? Ni disparition, ni cachette mais apparition habillée d’oubli. Coup de vent. C’est passage. « Ce n’est rien » abandonne-t-elle à ses souffles. « Au travail ! » Et lui d’effacer les traces et de recommencer le ciel depuis le bleu. Son point. Sa coupe.

34-
Elle se mettait souvent en posture d’attente. C’était si bon d’attendre (disait-elle). C’est plaisir. Les plantes cryptogammes étendent leurs racines de vélin jusqu’au plus profond de la terre.

34’-
Tandis que le soc en feu d’une charrue prend le dessus sur le soleil - tu n’as pas pu ne pas voir cela ! - Rien ne bougeait. La chaleur était un mur contre le ciel.
(le 8 décembre 1999)

35-
Et quand elle regardait... Elle faisait ça comme personne : elle cherchait d’abord un endroit où poser son regard, puis, dans cet espace défini, elle l’y pesait et l’y fixait... Elle aurait été alors bien capable de mourir si rien ne l’en avait empêché.



35’-
Mais quelque chose devant toujours l’attirait. La happait. La jetait à l’avant d’elle-même. Abandonnant derrière elle sa présence. Cette lueur dans le jour. Louve errant dans la lumière.

36-
Et comme elle savait tresser cheveux, laines, cotons, osiers, herbes ou salives, comme elle savait leur donner forme et force, en mêlant savamment le même au même.

36’-
Comme elle savait aller à la ligne ! Ligne de fuite. Ligne de risque. Affollement. Ses arrêts étiraient les traits. Ouvraient des angles. Secouaient la parole. Epoussetaient les mots. S’ils biseautaient les miroirs où viendraient tourner quelques images, ils offraient des brins de ciel aux nuages. Avec retenue. Mais en confiance.

37-
Ainsi est le monde depuis qu’elle en a volé toutes les fleurs dont elle s’est fait un arc-en-ciel tout autour d’elle...A bord de lèvres, la mélodie des pétales froissées.

37’-
Entre couloirs et salles vides, l’espace où elle enchaîne des pas qui ne montrent rien. L’étrange danse de qui passe.
(le 15 décembre 1999)

38-
Ainsi est le monde, depuis que tout en minaudant, elle a sous ses pas levé en masse le pollen des clairières envol des messugues froufrou des bruyères fragance des thyms.

38’-
Ainsi va-t-elle. Dansant. Arabesques sur le fond du ciel. Ses voiles découpent dans l’espace le miroir où son corps s’oublie. D’elle on ne voit plus que cet écart, âme arrachée aux dépôts de la nuit. Et dans cette distance, c’est à peine si on entend le phrasé de son pouls et les syncopes de ce souffle qui la tient.
(le 22 décembre 1999)

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