J’ai voulu me pencher au bord des enfers,
Et le feu m’a saisi.
Quand il s’est retiré,
Il a laissé cendres et charbons, laves et rouilles.
Établis nos territoires dans ces chatoiements sourds.
Tout ce qui agite l’eau agite l’homme.
Porte en toi les murmures sourds de l’eau,
Ses rires,
Les remuements de ses galets,
Comme je fais mienne sa litanie d’air et de lumière,
silence des étangs de lune.
Terre frontière, terre tue.
Seule elle recueille tes moindres traces.
C’est elle qui fait de moi ce bout ridicule et rigide de chrysalide avortée.
Les morceaux de nuit se retirent dans leurs propres replis
(Ainsi le font les oiseaux dans leurs ailes
Qui s’abandonnent au sommeil).
L’aube vacille et chancelle, chassant les chiffons d’ombres.
Au dessus des eaux, dans les fluidités terreuses qui montent des roseaux immobilisés et des bois flottés,
L’air
Tremble
Encore
Incertain
De l’à peine ébauchée d’un fruit au premier plan
Ou de l’improbable présence d’un massif suspendu, dans le lointain, à la légèreté des gouttes de lumières.
Bientôt les horizons se chargeront de transparences bleues ;
L’air le plus proche s’échauffera progressivement,
Et dans l’or pauvre des pailles usées par le temps,
Vapeurs lentes des rêves de renaissance,
Se dilateront nos regards.