Allons fouiller ce triangle têtu à la recherche d’un dieu gisant (endormi ?)
(assurément quelque chose ici palpite se précipitent des odeurs d’eau et des moiteurs de sang)
tu t’étourdis dans les ors mordus de flueurs verdâtres
après que tu auras dans tes marmites du sens fait fondre les mots tu verras se dresser de la fournaise refroidie des agrégats la forme femme de l’Oméga.
Bulle fragile qui enserre le prisme s’y pressent les échos de toutes les mers
(et dans le fond ces concrétions
denses de la hauteur de l’eau)
te vautres dans les ors mordus de verts et ces fumées bleuâtres qui se forment tremblantes aux lèvres frontières pressions à peine équilibrées entre deux gaz
Creuse de tes dents les crânes tendres
tu ignores si c’est pour y mettre tout le savoir du monde ou pour l’en retirer au bruit des vieux tambours de ta voix
l’enfer a cette fraîcheur fauve des chairs d’enfants et la douceur de leurs cheveux dont les fils agacent tes lèvres frontières pressions à peine équilibrées et ravisssent à ta bouche le goût amer du revenez-y.
Dessine ce qui se pousse dans l’intimité des arbres ce pur esprit qui s’y accroît se déploie s’étend s’étale en branches rameaux feuilles portant le suc de la terre au plus près du ciel et -à l’inverse- distillant l’essence de l’air jusqu’au cœur de la terre à travers l’entrelacs toujours ouvert de ses canaux -voix- cheveux.
En d’autres voix ta voix se roule se love -s’abrite- s’amuse s’englue - dans - autour de - ta - ma - langue s’enroulent d’autres langues elles s’y nichent bruissent froufroutantes pépiantes elles poussent dans des odeurs de feuilles froissées
(rameaux branches suc de la terre au plus près du ciel)
plumes tièdes (cheveux mouillés) ma langue et ma voix
quand elle(s) chantai(en)t ainsi et comment comment come how como come how ?
Fleurs ouvertes en lèvres yeux mi-clos des odeurs s’y plissent relents vagues encore d’amoniac quelque chose de putride à peine d’eaux tièdes de miel de lait
le bruit qui court
ou roule l’imites au bord de ta voix (quand elle chantait) en soufflant entre tes doigts sur tes lèvres posés en forme de V
Géantes le ciel vous couve (un souffle entre des doigts posés en V sur des lèvres) il vous nourrit vous poussez en lui toute votre force élastique
et vous têtez à même sa masse tout l’espace (vu ?) bu
Heureuses de s’élargir et de s’étendre entre les branches
... (arbres)...
installées fichées plantées dans l’impudique rupture née au creux de leur croisement
Immenses
(ou immergées)
étendues d’elles
guettent l’aller du temps
Jutes
en buvant le soleil elles perdent la pâleur de leur perle
elles s’alourdissent d’ocres de plus en plus proches des oxydations des torréfactions et des brûlures les plus persistantes
tu le sais ce que tu y as inscrit pour guetter l’aller du temps peu à peu s’y enfouit et -sans disparaître jamais tout-à-fait - s’y -comment ?- caramélise
et s’y
(effet ultime de l’étouffement sur le visage sa forme la couleur de la peau)
comme une voix surchargée d’air
Kraft de l’automne brûlant de piqûres
la rouille le saisit le ronge tu t’y jettes rêvant aux feux à des lueurs mourantes à la poussière des sanguins sous la mousse et tu ris qu’à une consonne près le kraft est klaft ciel or et bleu du crâne de Pharaon
tu reviens à ta belle boue d’automne alourdie d’ocres et de voix surchargées d’air et cherches à reconnaître dans le lointain et ta mémoire les chants désespérés du coq.
Libres et sinueux parcourent l’espace qu’ils poussent dessinent délimitent
et de l’espace recueillant cette juste et suffisante représentation la feuille de papier que
libres ils couvrent construisent de leurs ailes
piquées saisies rongées de rouilles belles de la boue d’automne
que l’eau jamais ne charge trop
Méandres que la terre aspire (apaise ? épuise ?)
en naissent Venise Milan Florence Rome
tu dis je suis l’ordre de la langue et de l’eau entre le Tevere l’Arno et le Pô
Nuages rapiécés méandres le ciel s’y cache en vain
Ouverts les mondes crient leur incertitude
Au point extrême du monde là où se forge
dans les chaos déserts le bourdonnement de ce qui un jour sera voix
jusqu’au seuil de leurs ruches où elles emportent des butins imperceptibles tu les regardes et
forces ta mémoire pour qu’en émerge des pages endormies le sens qu’inscrit la danse aérienne des fleurs parmi les arbres
le monde ordre premier de l’essaim
s’ouvre au nom
Portiques le vent s’y engouffre et y
dévoile
révèle
développe des profondeurs de brumes ossifiées
les chants d’autres passants longuement s’y abîment la terre sourd comme en ces points ultimes du monde où se forge le bourdonnement douloureux de ce qui un jour sera peut-être voix
dans le fond des caves s’entassent lentement les pierres démises disjointes disestate de ce qui fut une ville envahi (désormais) d’une végétation rapace et drue seul baume propre à lénifier ce deuil
Quasiment annulée la pointe des ormes peint un ciel il ne subsiste plus au seuil de nos pages qu’un vent de nuit qui desespère il souffle sur l’eau l’écume se déploie partout s’insinue s’engouffre dans les pauvres outres dérisoires flotteurs et y gronde modulant le chant primaire la plainte soutenue de mon kelek
Ruines des espoirs !
sur leurs décombres nous ferons fleurir les géantes larges pétales nuageux coeurs pistils
nous y cultiverons l’arbre de vie des Kwakiutls
c’est lui -ou un autre- qui accueille dans ses racines qu’il tend vers le soleil tous les vents chanteurs plaintifs et pousse ses branches feuilles et fleurs dans les profondeurs humides de la terre mère où j’
Silence
dans les profondeurs de l’ouï
Tu
le silence au zénith
Un grondement
battement de l’air sur lui-même revenu
roulement de l’air le souffle se pousse à travers les avenues embrasse les troncs file le long des branches les feuilles palpitent l’eau en dessous (qui coule) tu ouvres la bouche silence cherches à y mêler air et eau salive écumant tout le long
Vide (l’espace)
vide creux muet tu récoltes les riens rassembles les miettes d’un monde que tu n’as pas connu et dont tu imagines que sans doute il dut être t’agenouilles et coudes collés au corps tends les mains paumes tournées vers le haut pour recueillir les bribes que le hasard y poussera
tu ouvriras la bouche feras glisser sur ta langue tout ce qui se sera déposé dans tes mains et dans une longue mastication l’agglomèreras en le mêlant d’air et d’eau l’incorporeras
voix le vide vacille en seras-tu sauf ?
Wharf dérisoire jetée perpendiculaire à l’horizon
(figure d’enfant qui part
parti)
se (il) (elle) (y) dessine l’image de l’infinie bipartition du monde tu le vois s’élargir fleurissant sur des riens
[...] les bribes tu demeures agenouillé coudes collés au corps
et baisses la tête vers la terre
Xoanon visage trouble troublé vaporeux durci souvenir s’élargissant sur des riens à des riens revenu presque corps inscrit dans des fibres tendues posé comme trouvé soumis à la vénération du regard
Y connaîtras-tu le temps des danses
c’est le lieu qui se construit des hésitations de ta marche et de tes essais d’embrassade les visages y sont troubles troublés souvenirs élargis sur des riens
tes pas s’y déchirent miettes de fleurs semées sur le roc
Zone
-ouverte ?-
des vapeurs de soufre la ceignent vent balaie des gueules d’enfer sols safran craquent fumeroles branches de pierres feuillages tremblants vaporeux s’évanouissant par endroits le sol prend des teintes de plomb
Ω des grottes au creux des criques à l’origine des eaux source envahie de palpitations vertes denses parfois jusqu’à avaler toute lumière virer au noir éclaboussées de blancs froissés piqués de la condensation lumineuse des vapeurs soleils inattendus et pâles tremblant dérisoires souffreteux
dire
la grâce inquiète du nymphéa