Tu le sais bien. Luc ne signifie point, comme on le croit parfois, celui qui s’élève ou encore le lumineux, mais l’homme des prairies, des clairières et des bois... Comme l’arbre, Luc naît de la terre et y puise sa sève ; comme lui, il sait se durcir quand il la quitte ; et tu remarqueras combien est merveilleuse sur lui l’action du feu qui le projette pour une part dans le ciel en fumée, et pour une autre part le fait retourner en cendre à la terre.
Si nommer Luc c’est susciter des images d’arbres, l’évoquer, c’est faire surgir la figure du taureau. C’est ainsi que Luc, si tu en crois Dante, n’a ni écrit, ni proféré son évangile, il l’a mugi ; et c’est son image qui est ainsi présente dès la nativité de N.S.J.-C.
Si tu ajoutes à cela le fait que Luc était médecin et qu’il fut le plus proche familier de la B.V.M. tu verras à l’évidence qu’il devait avoir acquis une façon très singulière de voir les choses de la vie. Il aimait s’attarder aux détails et chacun d’eux lui devenait motif de légende. C’est du reste ainsi qu’il nous a fait parvenir sur la vie de N.S.J.-C. nombre d’épisodes que d’autres négligeaient soit par ignorance, soit par négligence, soit par mépris de la banalité ou de la trivialité. C’est Luc qui nous a transmis les détails fidèles de l’Annonciation que l’ange Gabriel fit à la Vierge Marie, c’est par lui seul que nous est parvenu un récit de la naissance de J.-C. Il est ainsi le seul à nous donner une version de l’épisode qui montre une prostituée, dont le souvenir nous est parvenu sous le nom de Marie Madeleine, envahie soudain du chaste amour de N.S.
C’est enfin de lui que nous sont parvenus les seuls portraits authentiques de J.-C. et de la Vierge, ce qui fait que tous les peintres du monde considèrent Luc comme leur Saint Patron.