Tout en travaillant sur les bavardages, caquetages de la salle, les reprenant, déchirant, répercutant, tordant, Josué revivait l’effet de décollement de soi que provoquait en lui le travail de combinatoire et de dislocation des textes. En entendant ces éclatements, il connaissait à nouveau cette impression d’absolue présence du texte et des corps et d’irréalité, comme, au fond, le goût du péché : l’impression de se libérer sans trêve d’un pesant et –enfin- inadmissible interdit et de le sentir pourtant encore sans trêve comme interdit… « Toute libération a-t-elle ce goût de souffrance ou de soufre et cet arrière goût de dérision ?” “Allons, allons, Josué, prends donc les choses calmement. Ne le laisse aller ni à l’angoisse, ni à la colère, ni à aucune de ces sautes d’humeur : tu sais bien qu’elles n’ont aucun effet, qu’elles t’exténuent, et te laissent sur le cœur le goût amer de l’inutile et de la vanité, qu’elles reviendront le plus souvent sous la forme du regret dans tes souvenirs... Je t’ai dit si souvent d’apprendre la sérénité, l’égalité des sentiments, la joie tranquille des apaisements. Pose-toi, chose du monde, parmi les choses du monde, confiant, sous mon omnipotent regard.” – “Tu parles d’or, vraiment, songeait Josué, sans rien répondre.” Je suis cette articulation particulière et inattendue, de matières premières et de langue, constitué par une altérité minérale, métallique et linguistique. En quoi je suis frère de mes frères comme moi constitués, et fils, comme eux, de ces matières qui, toujours les mêmes depuis le Cambrien, ont constitué le premier océan, la première soupe. Ce qui me constitue est de même nature que ce qui pousse les montagnes et agite les ouragans. C’est la pensée de toi qui me tient et me porte et hors de moi me tire et hors de toi et de nous , le souvenir de nos rencontres les repas pris en commun. Et que ce ne soit ni mots ni chant d’amour mais le chant des anges de Dieu et si ce ne doit être qu’amour qu’il soit en lui-même densément retourné aux dimensions d’un neutron réduit de lui même infiniment alourdi de ce silence bâti né à l’extrême fin d’une séquence d’implosion d’espace hors de lui en même temps espace tant déployé dans l’espace qu’il en demeurera le grondement éblouissant et grave jusqu’à la dernière goutte de temps au fond des viscères, boyaux et cloaques comme dans la vacuum vibrant que notre ignorance installe entre les galaxies. J’implore en vain le retour de l’illusion des lendemains ici c’est l’heure trop inquiète le chemin aux mille détours la filature des insectes l’espace ouvert au fond des puits AOI