RAPHAËL MONTICELLI
■ Cézanne en Peinture Musée Granet, Aix en Provence
de juin à septembre 2006
D’abord très perturbante, l’exposition Cézanne au musée d’Aix ; la disposition des œuvres selon un ordre principalement géographique gêne l’approche de la démarche et des questionnements plastiques. Pourtant, heureusement, s’impose cette image : Cézanne revenant sans trêve son sujet ; et faisant œuvre de cet ancrage dans son territoire ; poussé par le constat de son impuissance. Cézanne l’humilité faite peinture.
■ Le noir est une couleur
Fondation Maeght, Saint Paul de Vence
jusqu’au 5 novembre 2006
Une ? Aucune ? Toutes ? Je dirai une autre fois les échos que toute plongée dans le noir éveille en nous. Je veux rester sur ces “visions”, ces filets, rets ou pièges : crues de Degottex ou Debré, labours de Soulages, goudrons de Venet, tricot d’air et de nuit de P. Bloch, colonne de calcinations et d’éclats de plexi de Pagès, souffles d’herbes sur noir de fumée de Moninot, méditation constructrice de Nemours ; horizon de B. Newmann (cette étroite bande verticale sur le bord droit de la toile jaune éclatant poussé du noir et le poussant !), piège, caches ou abris à mots de Venderam, silence impérial de Reinhardt. Trop ! Trop ! Une seule vie ne suffirait pas pour qu’un seul de ces monstres puisse jeter ses sondes en nous et y déployer un peu sa rhapsodie en noir...
■ New York New York Forum Grimaldi, Monaco
jusqu’au 10 septembre 2006
Assis dans le petit jardin du musée d’art moderne de NY, je me disais qu’il fallait être ici, et pas seulement dans l’ancienne Amsterdam, pour comprendre, un peu, Mondrian. Et Duchamp aussi. Et Léger, naturellement. Et... tant d’autres. Ici pour comprendre que les Demoiselles d’Avignon y sont bien à leur aise... hélas... Il faut venir dans ce havre pour comprendre – un peu – les problématiques et le foisonnement de l’art des États-Unis.
En sortant de l’expo, à Monaco, passant par l’Esplanade qui donne sur le large comme dans une pointe méditerranéenne de Manhattan, je me disais : “ Trop ! Trop ! ”. Mais les deux Sophie étaient, elles, tout éblouies... Pensez donc : à peine vingt ans et on tombe, nez à nez, sur le paysage stratifié, diversifié, tentaculaire, de l’art à New York depuis 50 ans : ça vaut une ébouriffante course au pic du Midi ! Et Rauschenberg ! et Sol Lewit ! et Stella, Motherwell, Newmann ! Et Jasper Johns ! Et mon Pollock ! Si nous ne vous avions pas connus, nous nous sentirions bien plus seuls, aujourd’hui...
■ Le dialogue des pairs
Matisse-Viallat, Château de Villeneuve, Vence,
jusqu’au 26 novembre 2006
Décidément, j’aime les œuvres de Viallat. Je suis pourtant toujours à deux doigts de les envoyer valdinguer. Parce que je les aime... trop... Trop belles. Elles s’insinuent si facilement dans l’air que nous respirons. Elles le partagent si tranquillement... Dans l’expo il y a Matisse. Réservons-le. Il y a Viallat, et son regard sur Matisse. Il y a les questions que Matisse pose à Viallat et l’interrogation continue de Viallat. Son continuel étonnement face à Matisse. Et le travail de Viallat. Pour cerner et comprendre Matisse. Et pour nous le donner un peu différent, un peu plus proche, un peu plus lointain... Matisse, sous le regard de Viallat, dans le dialogue des pairs.
■ Les rendez-vous de l’Ami Pour les 80 ans de Michel Butor
L’exposition que la BNF a consacré à Michel Butor pour ses 80 ans, heureusement intitulée “ L’écriture nomade ”, s’achève en cette fin du mois d’août... Le colloque qui la prolonge, organisé par Mireille Calle-Gruber, se déroulera du 19 au 21 octobre, sous le titre de “Michel Butor, déménagements de la littérature ”. La revue Europe prépare un numéro spécial “Butor” pour le printemps. Pas de semaine sans que, ici ou là, hommage ne soit rendu à ce géant de la littérature... Et Michel Butor répond à tout avec gentillesse, simplicité, humour, générosité... Rien d’autre à ajouter à ça sinon, en plus de notre admiration pour l’œuvre, notre affection et notre tendresse pour l’homme...
Depuis près de 10 ans, Michel Butor est le président d’honneur de notre association.