CHRISTIAN ARTHAUD
Jacques Kober : Les Mains éblouies.
Je ne m’intéresse plus qu’à une peinture que je puisse habiter, dont j’aime le souffle et la santé de corps. Au lieu de voir la toile en face de lui, trop souvent le peintre se voit dans la toile, geste de coquette, et l’incline à parfaite assonance. Sa toile est donc de seconde main. C’est Supervielle qui disait : « Je ne suis pas homme à faire toujours les demandes et les réponses. » L’oeuvre vivante appartient plus à la vie que son auteur, et nous recevons sa réverbération, en plein, vie matraquée, feu rouge feu vert, mains éblouies, mains clouées aux vendanges. Nous avons à construire une maison pour nous (…), c’est-à-dire une maison trop grande pour nous, architecture et non réduit, une maison sans escalier, un monde pour l’aigu du regard.
« Derrière le miroir », Galerie Maeght / Editions Pierre à feu, octobre 1947.