Non...
Non... je vous assure, vous vous trompez...Vous faites fausse route... Comment dire...Leur chant n’est pas beau, il est...d’une évidence insidieuse. Inutile de
me demander de retrouver sa modulation. Quand bien même j’y parviendrais, vous le trouveriez sans doute banal... Le contexte peut-être et le fait qu’elles
seules en sont maîtresses... et qu’il est vraiment banal. Tranquille. Nécessaire. Ne vous est-il jamais arrivé de croire que vous aviez enfin trouvé votre
voie ? Une sorte de folie s’empare alors de vous. Vous êtes persuadé que tout se soumet à une idée unique ; votre conduite est réglée, vous savez ce qu’il faut
faire. Et la révélation est si claire que vous vous étonnez d’avoir si longtemps erré. Le lendemain, par chance, vous avez perdu l’évidence. Sans quoi vous
seriez mort. Accroché. Empalé. Ignifié. Gelé...Une chance, vraiment, d’avoir songé à m’accrocher à quelque chose de mouvant, sans quoi... Combler un
vide... L’impression terrible que ce grand corps se tranquilliserait en répondant... On court ainsi le risque de... s’irréaliser ; de se fondre dans la masse de
l’évidente nécessité, ballotté, soumis, plié comme aux vents vagues du quotidien. Je crois que c’est là le pire...Pas la beauté !
Elles n’ont même pas besoin de se parer de séductions. Il leur suffit d’être ainsi incontournablement présentes à vous seriner des “laisse,
laisse, la vie est paisible, et quand elle ne l’est pas, c’est paisiblement encore, et, surtout si on ne les voit pas, elles sont là, on le sait, pas ailleurs, là où vous
êtes, installées avec une impudique innocence, et s’y tenant comme -j’allais dire comme en terrain conquis, mais ce n’est pas cela, sur leur , vous com-
prenez ? - leur terrain. "Laisse et soumets-toi".
Non, ce n’est pas là ce que je nomme beauté. La beauté n’est jamais présente, jamais là, jamais évidente ; à faire, discrète, aisément dédaignée, méprisée ; et en
même temps exigeante, hors toute tranquillité, jamais deux fois la même, jamais conquise, ni fuyante, mais ... mouvante ? secrète ? ce n’est pas non plus
inconstante. Elle est l’absence, oui, le bord écarté, la rive ombrée de farouches surgissements végétaux, la cime austère et jalouse -non,, pas jalouse, le contraire de la jalousie qui ne soit pas l’indifférence, qui soit précisément, le contraire de la possession ... Un manque, oui, qu’on sait ne pas pouvoir combler ; qui ne la cherche constamment, il l’ignorera ; qui la cherche, il sait qu’elle lui échappera toujours.
...
Ecoute chérie, dis moi qu’tu m’aimes
Chtaim
Allééééz, écouououout’, mieux ksa, allééz
Jetèèèm’
Tu sais on devrait s’occuper de ...
Mesdames, Messieurs, votre attention, s’il vous plaît...
J’ai l’honneur et l’avantage de vous présenter maintenant Alfred ! Personnage hors du commun ! Carrière longue, tourmentée ! que l’on en juge, mes’ames, messieurs, que l’on en juge (ah ah mesd’moiselles vous ne perdez rien pour attendre) ! Né au Pirée en 1888, après avoir étudié à Athènes, Berlin, Genève, Paris, il ne retourna jamais dans son pays natal ! Sa vie, consacrée à d’innombrables travaux s’est achevée récemment. Mesddames, Messsieurs ! On l’applauddit bien ‘‘ ffort !!
AOI