MICHEL DIAZ
c’était chemin de craie que la mémoire sous les pieds dérobe, sans cesse renaissant, comme un pont dévorant le vide confondrait la première et l’ultime enjambée de ses arches, comme crépuscule et aurore sont à jamais la même nuit
chemin de cendre, de sable de velours de ronces, une ombre nous précède qui nous tient au bout de sa chaîne
et l’on a froid sous l’arbre de son sang, et l’on jette ses mots vers le ciel comme une bague au fond d’un puits
et l’on couche son cri dans le dortoir des feuilles, et l’on voudrait enfouir son souffle dans un nœud d’oiseaux endormis, au creux même de sa présence, les yeux écarquillés sur la blancheur du rien