THIERRY RENARD
Quelques ouvrages à lire ou à relire, pour le temps de l’été, parce que la poésie, sous toutes ses formes et dans ses nombreux états, est plus que jamais « nécessaire au jour blessé d’aujourd’hui ».
Musicien improvisateur, à la fois saxophoniste et clarinettiste, accompagnateur de très nombreux poètes, d’expression française ou italienne, depuis son plus jeune âge, fils du traducteur et écrivain d’origine sarde disparu prématurément en juin 2017, Marc Porcu, Dimitri Porcu est lui-même poète. Et, s’ils portent en eux le souffle du poème, ses mots mis bout à bout composent de véridiques morceaux de musique originale – en somme, une manière de partition. Car, dans ses recueils, et en particulier dans le dernier, Tous-solo, Dimitri Porcu reste fidèle à une langue métissée, riche de plusieurs langues, dont la plus universelle de toutes, la langue musicale. Sa poésie s’écoute, tout d’abord. Mais elle peut aussi se lire dans l’intimité de la chambre. Et pour ce qui est du propos, il est lui porteur d’un élan radical et d’une « vitalité désespérée ». Nous sommes tous des solitaires, nous rappelle le poète qui a fait du deuil et de l’exil ses constantes priorités. « Migrants de tous les pays, unissez-vous », semble vouloir nous murmurer à l’oreille la voix muette dont le chant est orphelin.
[ Tous-solo , Dimitri Porcu, Éditions de l’Aigrette, février 2022. 12,00 €.]